Jeunesse

Gudule est morte

Gudule en 2008 - Photo Jean-Marie David Dinkley

Gudule est morte

L’auteure de La bibliothécaire, qui a bercé des générations de jeunes lecteurs, est morte mercredi 21 mai à l’âge de 69 ans, laissant derrière elle une œuvre abondante.

Par Claude Combet,
avec Nicolas Greslin Créé le 22.05.2015 à 19h29

C’est le 21 mai au soir, alors que Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, décorait de la Légion d’honneur l’auteure Marie Sellier, la directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil Sylvie Vassallo et le libraire Jean-Marie Ozanne (Folies d’encre), que le monde de l’édition jeunesse a appris la disparition de Gudule, auteure qui a bercé des générations de lecteurs avec La bibliothécaire. Disparue à l’âge de 69 ans, elle laisse derrière elle une œuvre d’une centaine de titres pour la jeunesse et les adultes (sa bibliographie complète est téléchargeable ci-contre).

Née en 1945 à Ixelles, en Belgique, Gudule, de son vrai nom Anne Liger-Belair, étudie aux Arts déco de Bruxelles puis passe cinq ans au Moyen-Orient comme journaliste. A son arrivée en France, en 1971, elle écrit et dessine pour des magazines jeunesse comme Pomme d’api et Pif poche, mais aussi pour les journaux satiriques – Hara-Kiri, Fluide glacial, L’Echo des savanes et Charlie Hebdo.

Son premier livre pour la jeunesse, Prince charmant poil aux dents, paraît chez Syros en 1987. Elle a écrit un grand nombre de livres pour la jeunesse, qu’elle signait sous le nom de Gudule, dont La bibliothécaire (Hachette Jeunesse, 2001), La vie à reculons (Hachette Jeunesse, 2001), tous deux figurant sur les listes des titres recommandés par le ministère de l’Education nationale, et L’amour en chaussettes (Thierry Magnier, 2006).

Comme le souligne le site La mare aux mots, “elle a souvent osé des thèmes délicats, des thèmes pas à la mode, des thèmes polémiques”, comme l’enfance maltraitée (Agence Torgnole, frappez fort, 1991), la séropositivité à l’école (La vie à reculons), les SDF (L’envers du décor, Hachette Jeunesse, 2002), le racisme (L’immigré, 2002).

Outre La vie à reculons, réédité en février au Livre de Poche Jeunesse, On a un monstre dans la classe ! (1999) et La peur au bout de la laisse (2005) ont été réédités par Nathan Jeunesse en mars et avril, tandis que Mijade a publié le 10 avril Les folles histoires, illustré par Claude K. Dubois. Le Livre de Poche Jeunesse rééditera aussi le 9 juin Après vous, M. de La Fontaine. Contrefables, paru en 2003.

Passionnée par les œuvres de Jean Ray et Michel de Ghelderode, qui lui ont donné le goût “de l’étrange et de l’irrationnel”, elle a écrit des romans fantastiques et d’horreur pour les adultes sous le nom d’Anne Duguël ou Anne Carali.

Après Le corridor, en 1991 (Denoël, “Présence du fantastique”), sur l’enfance brisée, elle publie plusieurs romans chez Fleuve noir, dans la collection “Frayeur” lancée par le réalisateur Jean Rollin : Asylum en 1994, l’histoire d’un petit garçon surdoué manipulé par des savants ; Gargouille (1995), celle d’une orpheline qui se venge de son enfance de souffre-douleur ; La baby-sitter (1995), qui se laisse emporter par la violence des contes de fées qu’elle lit le soir ; et La petite fille aux araignées, sur l’autisme (1995).

En 1998, Mon âme est une porcherie (Les Belles Lettres) mêle cruauté des enfants et manipulation. Bragelonne, qui a aussi publié les trois volumes de La ménopause des fées (2005-2007), a réédité deux volumes de l’intégrale des romans fantastiques en 2008 et 2009 sous les titres Club des petites filles mortes et Les filles mortes se ramassent au scalpel.

Gudule avait aussi traduit avec Alain Nevant Tous malades ! Un recueil de sales poèmes, de Neil Gaiman et Stephen Jones, paru en 2006, que Bragelonne réédite le 17 juin.

“J’ai les deux désirs en permanence. Le genre ‘réaliste’, c’est parce que je suis, qu’on le veuille ou non, une vieille moralisatrice. Les choses qui ne vont pas bien dans la société me mettent dans un état de colère continue. Mais le fantastique m’habite aussi […] Mes récits fantastiques, au final, c’est ça : des sortes de fables”, avait-elle déclaré en 1999 au magazine Citrouille.

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