En finir avec le téléchargement illégal. La mission figurait dans la lettre de mission de la Ministre de la culture. Rien de vraiment compliqué : une mission, une négociation, une menace de sanction, et le tour serait joué. On ferait assez décroître le nombre des internautes qui contournent le droit d’auteur pour inverser le cours des choses et faire cesser la chute infernale de l’industrie musicale. Et si c’était plus compliqué que cela ? Si la réponse combinée de l’ingénieur et du juriste ne pouvait à elle seule endiguer les effets d’une révolution culturelle, aux retombées sociales et économiques majeures ? Il faut rappeler deux évidences, si douloureuses puissent-elles être pour certains pans des industries culturelles : 1. Les données macroéconomiques sur les dépenses culturelles font ressortir une tendance longue de montée (en proportion) des dépenses pour les abonnements et les matériels et de décroissance (en proportion) des dépenses pour les œuvres.  Le paiement au stade de l’abonnement serait  mieux accepté que le paiement au moment de l’achat. 2. Les pratiques d’achat et de consommation se traduisent par un lent recul de l’achat simple à l’unité au profit de la demande d’achats et de services liés.  Internet produit une demande d’accès généralisé qu’il est très difficile de « domestiquer » ; c’est peut-être via l’offre de services, et en particulier l’offre de services qu’on pourrait qualifier de paradoxaux, parce qu’ils recréeraient de la rareté –et de la valeur- là où la surabondance détruit  cette valeur, que l’on pourra valoriser la création.  Le consommateur paierait pour le service de tri, de cheminement, de référencement, ainsi que pour toutes sortes de services « périphériques » plus aisément que pour le bien lui-même.   Hadopi était et demeure une mauvaise réponse à une vraie question. Hadopi est une loi difficilement applicable juridiquement et techniquement, crispant une question majeure en un débat politique, renvoyant le numérique à son aspect de menace et oubliant l’incroyable chance qu’il constitue, déniant le caractère devenu essentiel de l’accès à Internet, qu’il s’agisse de s’informer, de déclarer ses impôts, de payer ses factures, de chercher son chemin, de faire ses achats ou de s’inscrire à l’université, de retrouver les références d’un article académique ou de chercher un emploi. Que de temps perdu ! Il est urgent que les acteurs de cette grande transformation se retrouvent tous autour d’une table, et construisent des modèles d’affaires et des modèles de remontée des droits et de répartition à partir de contributions prélevées en amont de la consommation.
15.10 2013

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