« Je ne fais pas partie de ceux qui disent que l'IA ne remplacera jamais nos auteurs. (...) Il est possible que l’IA parvienne à égaler l’être humain dans tous les domaines. La seule chose qui va compter est finalement notre rapport à l’art, à l’œuvre. A-t-on envie de lire un roman écrit par une IA ? (...) Le danger existe que 80% de la production soit effectivement remplacée par des IA », a déclaré Hervé Le Tellier, lors d’un entretien accordé à la revue Le Grand Continent, le 6 juillet dernier.
Un face à face avec l'IA
L’ancien mathématicien, journaliste scientifique et auteur notamment de L’Anomalie (Gallimard), prix Goncourt le plus vendu du XXIe siècle avec près d’un million d’exemplaires écoulés selon GFK, s’est déjà confronté à la question de l’intelligence artificielle. Dans l’interview pour Le Grand Continent, il rappelle avoir publié cinq articles dans le journal Le Monde en 2023 intitulés « Moi et ChatGPT ».
En mars dernier, Hervé Le Tellier s’est également mesuré à l’IA sur une idée du Nouvel Obs. Le but : écrire une nouvelle de 3 000 signes dont la première et dernière phrase étaient imposées.
Une expérience que l’écrivain qualifie de « pas inintéressante » : « On se rend compte qu’à force d’être nourrie par plein de livres, l’IA finit par faire apparaître des images littéraires. Par exemple, dans l’une de ses productions, elle avait envie d’exprimer la notion d’attente et a utilisé l’image des anneaux de tasses de café laissés sur la table, prouvant que la personne avait bu beaucoup de café. L’attente était donc représentée à travers ces anneaux. C’est une idée visuelle — et c’est pas mal ».