Disparition

Plusieurs professionnels ont réagi à la disparition, le 19 février, à 78 ans de Jean-Manuel Bourgois qui, après avoir fondé Ediscience, qu’il revendit au groupe McGraw-Hill, occupa de 1974 à 2009 des fonctions de directeur général ou de P-DG chez Bordas, au Groupe de la Cité, chez Masson-Belfond, Magnard et Libella. Le frère cadet de l’éditeur Christian Bourgois a aussi été président du Syndicat national de l’édition (1982-1985).

Parmi ses anciens collaborateurs, Jacques Patry, qui le côtoya comme directeur commercial adjoint chez Bordas en 1974, puis en tant que directeur des opérations pour le groupe Masson-Belfond en 1993, estime qu’il était "un pôle de l’édition, un vrai patron, avec une puissance de travail colossale. On savait où on allait : il traçait la route, et derrière ça suivait, rapporte-t-il. Il n’y a jamais eu un ouvrage publié chez Bordas dont on aurait pu rougir."Vera Michalski, présidente du groupe Libella, évoque quant à elle "la vision très hospitalière" de l’éditeur et de sa femme, Hélène, toujours prêts à accueillir pour "prolonger les discussions autour d’un verre de vin".

A la fois exigeant et bienveillant, Jean-Manuel Bourgois "était typiquement un "honnête homme" au sens de Montaigne, résume Marion Hennebert, la cofondatrice des éditions de l’Aube. Il avait fait des études de physique. Je n’en savais strictement rien. Pour moi, c’était un personnage éminemment littéraire, un maître en culture générale", confie- t-elle. L’éditrice dépeint avec affection un homme toujours "modeste et généreux".

Marion Hennebert se souvient qu’"il était d’une grande fidélité dans ses amitiés. Quand nous avons eu le prix Nobel de littérature avec Gao Xingjian, raconte-t-elle, Jean-Manuel et sa femme ont fait une grande fête chez eux. C’était quelqu’un d’une insatiable curiosité, comme aurait dit Kipling. Un homme sans calcul pour qui tout était source de découverte et de plaisir." Elle rappelle aussi la passion du diplômé d’un master Arts and sciences de l’université Columbia de New York pour les nouvelles technologies : "Il était proche des 80 ans et il était à la pointe des progrès numériques."

Soucieux à la fois d’apprendre et de partager, Jean-Manuel Bourgois s’était, à sa retraite, activement engagé auprès de l’association Bibliothèques sans frontières (BSF), notamment pour importer en France la plateforme d’apprentissage en ligne Khan Academy, du nom de l’association américaine qui l’a développée. "C’est lui qui a cru en nous", souligne Patrick Weil, président fondateur de BSF.

Léopoldine Leblanc

02.03 2018

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