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Imaginales 2024 : une édition mortelle

La 23e édition des Imaginales à Épinal - Photo Antoine Masset

Imaginales 2024 : une édition mortelle

La 23e édition du festival des Imaginales se déroule à Épinal du 23 au 26 mai. Le rendez-vous incontournable des littératures de l'imaginaire est placé cette année sous le signe de Memento Mori. Un plongeon dans une bulle d'histoires fantastiques et mortelles.

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Par Antoine Masset
Créé le 24.05.2024 à 17h23

L’imaginaire devient réalité à Épinal lors de la 23e édition des Imaginales. Ce festival des mondes imaginaires se tient chaque année dans la préfecture des Vosges, au sein du parc du Cours, au bord de la Moselle. C’est dans ce cadre verdoyant et bucolique que des allées de tentes blanches se forment à travers les feuillages des arbres et des buissons.

La foule, majoritairement constituée d’enfants ce jeudi matin, découvre le site et déambule à travers les différents pôles du festival. Ceux-ci sont symbolisés par trois « Magic spiegeltent » (de spacieux chapiteaux circulaires faits de bois et de tissu avec une piste de danse en leur milieu) aux différents styles, transportant les visiteurs dans une atmosphère plus fantastique que réelle.

Memento Mori

C’est au Magic Idolize que le coup d’envoi des Imaginales a été donné en présence du maire de la ville Patrick Nardin et du directeur artistique du festival Gilles Francescano. « Bienvenue à tous pour cette 23e édition riche en événements et en invités avec plus de 200 auteurs, dessinateurs et éditeurs présents cette année », introduit l’élu local. Gilles Francescano présente pour sa part le thème Memento Mori (Souviens-toi que tu meurs), choisi pour ces Imaginales : « Il est bon de se rappeler qu’il faut profiter de chaque instant. Et ainsi échanger entre auteurs et lecteurs sur la question et apprécier ces moments privilégiés. »

Coup d'envoi de la 23e édition des Imaginales
Coup d'envoi de la 23e édition des Imaginales- Photo ANTOINE MASSET

Un dialogue encouragé qui se traduit par une large proposition de tables rondes sur les spécificités et les détails des genres de l'imaginaire. L’une des premières de la journée était directement sur le thème Memento Mori avec Maiwenn Alix, David Bry et le coup de cœur du festival des Imaginales, l’autrice Chris Vuklisevic, dont le roman Du thé pour les fantômes paru chez Denoël en 2023 a été récompensé du Grand prix de l’imaginaire 2024 du roman francophone.

« C’est un festival que j’affectionne tout particulièrement depuis de nombreuses années. Je l’ai arpenté de très nombreuses fois en tant que festivalière. Donc je me sens ici chez moi et là, j’ai l’impression de revenir à la maison mais c’est comme si on avait mis mon nom sur la boîte aux lettres », raconte l’autrice en affichant un large sourire. Autour de la recherche du spectre d’une mère par ses deux filles, professionnelles de l’occulte, Du thé pour les fantômes évoque l’héritage malgré-lui des défunts, la hantise post mortem et la trace laissée par chacun après son existence.

Une Bulle d’imagination

Parmi les autres lieux incontournables de ce festival de l’imaginaire, La Bulle du livre. La longue tente immaculée qui l’abrite est le centre névralgique du festival avec sa multiplicité de stands décorés par des illustrations de livres. Éditeurs et auteurs échangent avec les visiteurs venus en nombre. Entre dédicaces, photos souvenirs et discussions, la Bulle est en effervescence pour l’imaginaire.

Une journée consacrée à la jeunesse au Imaginales
Une journée consacrée à la jeunesse aux Imaginales- Photo ANTOINE MASSET

Une première participation pour l’autrice Laure Enza, qui enchaîne les entrevues au stand de son éditeur le Héron d’Argent : « J’aime beaucoup ce genre de conventions, festivals, où on n’est… pas soi-même, illustre-t-elle en arborant un sombre et majestueux déguisement de sorcière. On est entouré d’imaginaire et je suis heureuse d’y participer. »

De leur côté, les éditions des Forges de Vulcain font à la fois de la littérature générale et de la littérature imaginaire. « C’est la moitié de notre cœur, mais c’est dans notre cœur quand même, s’amuse David Meulemans, leur dirigeant. On publie à la fois des auteurs étrangers et des auteurs français. Dans les auteurs francophones, on est surtout les très heureux éditeurs du Cycle de la Tour de Garde, de Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian. C’est tout simplement la plus grosse série de fantaisie des dernières années, un best-seller en librairie qui a dépassé la barre des 50 000 exemplaires. »

Épinal à l’international

À sa gauche, l’écrivaine irlandaise Sue Rainsford, lauréate Imaginales du roman étranger 2023 pour Jusque dans la terre. Un mélange d’horreur écoféministe justement publié en France par les Forges de Vulcain et très reconnu dans les pays anglo-saxons. « C’est David qui m’a choisi pour être publiée, je suis incroyablement reconnaissante pour ça. Il apprécie les livres très littéraires et qui ont quelque chose en plus. Donc quand ils m’ont approché, j’étais ravie car l’esprit correspondait parfaitement », nous confie l'autrice.

John Gwynne en dédicace au festival des Imaginales
John Gwynne en dédicace au festival des Imaginales- Photo ANTOINE MASSET

Un imaginaire international qui voyage bien et apprécie la France. Plusieurs auteurs étrangers sont présents dont John Gwynne, écrivain britannique présentant cette année L’Ombre des Dieux. « Depuis que mon livre est publié par Leha, j’ai reçu plein de messages sur les réseaux sociaux de la part de lecteurs français. C’est donc un plaisir de venir ici et de les rencontrer », confie-t-il.

Une jeunesse mobilisée

Cette première journée de festival est dédiée au milieu scolaire et à la jeunesse. De nombreux jeunes arpentent les chemins et enchaînent les dédicaces aux stands. « À Épinal, le travail réalisé sur les scolaires, collégiens et lycéens, est exemplaire, assure Gilles Francescano. Il n’y a aucun autre festival en France qui a réussi cette prouesse. » Trois lauréats sont désignés par chacun de ces milieux de scolarité. « Ce sont plus de 2 000 lecteurs dans l’Éducation nationale concernés par ces prix-là. »

L’un des objectifs est de redonner le goût de la lecture aux jeunes. Marie-Valérie, professeure documentaliste d’une classe de 3e : « C’est très important, nous avons travaillé tout au long de l’année sur les prix Imaginales des collégiens. C’était normal de les emmener ici pour conclure ce projet, voir les auteurs et avoir des échanges avec eux. Les élèves n'ont pas toujours envie de lire des livres mais les romans de la sélection leur ont beaucoup plus car ce sont des thèmes qui sont importants pour eux et qui savent leur parler. »

L'Espace Cours animé par Zinc Grenadine pour les jeunes
L'Espace Cours animé par Zinc Grenadine pour les jeunes- Photo ANTOINE MASSET

Une classe au-dessus, César, élève de Seconde, a également profité de la journée : « Ça peut m’arriver de lire et j’ai découvert ici des livres qui m’intéressaient comme Waterback de Charles Mazarguil (Slalom). On l’a rencontré et il nous l’a présenté. » De plus, au sein du parc, l’Espace Cours est aussi consacré à la BD et l’illustration pour enfants. Il est animé par les membres de Zinc Grenadine, festival régional du livre jeunesse également à Épinal. Dans une atmosphère vivement colorée de rouge et jaune, avec des animateurs déguisés en ménestrels et pirates, les canapés et les espaces lectures installés, ont bien été investis par les jeunes comme désiré.

 

Les lauréats des prix remis aux Imaginales 2024 :

  • Prix des écoliers : Chugakko Académie, tome 1 – La Légende du Dragon-Ancêtre, de Nancy Guilbert (Didier Jeunesse)
  • Prix des collégiens : Les Anges Mécaniqueslivre 1 – L’Appel, de Carina Rozenfeld (Gulf Stream)
  • Prix des lycéens : Livie Morevi et les passeurs d’âmes, de Nathalie Cirac (Forgotten Dreams)
  • Prix des bibliothécaires : La Trilogie Baryonique, tome 1 – La tragédie de l’orque, de Pierre Raufast (Aux Forges de Vulcain)
  • Prix de la BD des bibliothécaires : Frontier, de Guillaume Singelin (Rue de Sèvres)

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