14 février > Histoire États-Unis > Robert Whitaker

Charles-Marie de La Condamine a beaucoup fait pour nous montrer la Terre un peu moins ronde qu’on ne le pensait. De 1735 à 1743, il mène une expédition en Equateur qui permet de mesurer trois degrés du méridien pour vérifier l’hypothèse de Newton d’une planète aplatie aux pôles et renflée à l’équateur. Robert Whitaker revient sur ce périple, mais ce n’est pas ce qui intéresse le plus ce journaliste scientifique. Parmi les membres de l’expédition se trouve un naturaliste, Jean Godin des Odonais. En 1743, il épouse une riche Péruvienne, Isabel Gramesón, qui devient La femme du cartographe.

Jean Godin dilapide la fortune de sa femme dans l’étude des langues indigènes et surtout dans l’exploration de la flore et de la faune de la région. Criblé de dettes, il tente de se refaire et part à Cayenne. En 1769, Isabel prend la tête d’une expédition pour rejoindre son mari qu’elle n’a pas vu depuis vingt ans. Entre elle et lui, il y a la cordillère des Andes, la jungle amazonienne et 4 800 kilomètres. La petite troupe de quarante personnes diminue peu à peu, mais au terme d’une aventure sans pareille, Isabel retrouve son mari avec lequel elle finira ses jours à Saint-Amand-Montrond.

Les histoires oubliées sont comme des rivières qu’on ne regarde plus couler. Ce fut le cas pour cette histoire qui dormait dans les archives, autant dire qu’elle était morte. Il a fallu la curiosité d’un homme un peu téméraire, qui avait envie de découvrir puis de refaire lui aussi le chemin d’Isabel, sans doute aussi quelque part pour se redécouvrir lui-même. Les livres sont ainsi faits, du désir de soi et de la mémoire des autres.

La femme du cartographe n’est pas un roman à partir d’une histoire vraie, comme on dit aujourd’hui. C’est une histoire vraie racontée comme un roman. On sent bien à chaque page l’investissement de Robert Whitaker. Il suit la trace de cette Isabel chaotique, amoureuse, exceptionnelle, pour s’assurer de quelque chose. Le lecteur le comprend vite. Cette passion-là ne se livre que rarement avec autant d’intensité. Bien sûr, il s’agit d’Histoire. Mais cette histoire-là prend les contours les plus aiguisés de la passion. Laurent Lemire

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