Décès

Une rondeur bonhomme que dément l’œil qui frise : c’est l’image qu’on retiendra de Jack-Alain Léger, l’écrivain maudit et protéiforme, polygraphe et génial, avant que sa tendance dépressive ne l’écrase. L’auteur du passionnant Autoportrait au loup et du best-seller Monsignore s’est donné la mort le 17 juillet dernier, à l’âge de 66 ans, en se jetant du huitième étage de son appartement.

Jack-Alain Léger- Photo OLIVIER DION

Egalement musicien et traducteur (de Tolkien et de Bob Dylan notamment), l’écrivain s’est toute sa vie exercé aux genres les plus différents avec brio, du roman d’aventures à l’essai introspectif, en passant par le pamphlet ou le roman expérimental, le feuilleton ou le polar, multipliant dans le même temps les pseudonymes (Melmoth, Dashiell Hedayat, Eve Saint-Roch), le plus connu étant Paul Smaïl avec lequel il s’était plu à piéger la critique.

En 2003, au moment de la parution chez Denoël d’On en est là dans lequel il révélait que Jack-Alain Léger et Paul Smail ne faisaient qu’un, l’auteur de Vivre me tue avait expliqué dans un entretien à Livres Hebdo (1) ce qui le poussait à multiplier les masques : « C’est la seule liberté qui nous reste dans une société de plus en plus normative, consensuelle, conformiste. La liberté d’avoir le courage de jouer avec sa propre identité. » Don Quichotte des temps modernes aux multiples moulins à vent (la critique littéraire, les éditeurs, la télévision et tous les puissants en général), il répétait déjà il y a dix ans la célèbre formule du héros de Cervantes « Je sais qui je suis », qui clôt sa lettre d’adieu à son tuteur, l’avocat Emmanuel Pierrat. C. F.

(1) LH 499, du 31.1.2003, p. 72.

11.10 2013

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