Selon les termes de la décision du tribunal de commerce de Nanterre, ce sont les "engagements fermes, définitifs et irrévocables" de Jacob Safra, actionnaire unique d’Encyclopædia Universalis (EU), qui ont permis de sauver la maison d’une cession ou d’une liquidation. Financier basé en Suisse, il contrôle via un holding au Luxembourg le dernier éditeur français d’encyclopédies, ainsi que son homologue Encyclopædia Britannica.
Après avoir soldé la dernière édition papier de son encyclopédie, l’EU avait redressé ses comptes en 2012 et 2013. La société a replongé dans le déficit en 2014, conduisant à une déclaration de cessation de paiement. "Ce qui nous a donné le temps nécessaire à notre réorganisation", explique Hervé Rouanet, directeur général. Une vingtaine de salariés ont été licenciés, sur les 45 que comptait encore la maison lors de l’ouverture de la procédure en octobre dernier. "Nous avons adapté nos coûts de structure à notre niveau d’activité, en épargnant les activités éditoriales et notre service numérique", ajoute-t-il. L’entreprise déménagera, en restant à Boulogne. Hors financement du plan de licenciement, l’exploitation sera équilibrée cette année, avec un chiffre d’affaires prévu à 4,3 millions d’euros.
La moitié environ vient de la vente par correspondance du DVD de l’EU (13 000 exemplaires) et des éditions annuelles d’Universalia et de La science au présent, synthèses extraites de la base encyclopédique des événements de l’année. L’autre source de recette est purement numérique, et vient des abonnements des lycées et des universités à la base numérique de l’EU en France et dans les marchés francophones (Canada, Belgique, Suisse romande).
"Nous espérions beaucoup du plan numérique de l’éducation qui devait démarrer en 2014. Dans l’attente de sa mise en œuvre, reportée à 2016, nous nous concentrons sur les réabonnements de nos clients actuels", poursuit Hervé Rouanet.
Présenté simplement comme "financier" dans le jugement approuvant le plan de continuation, Jacob Safra a garanti le passif et les créances que l’EU ne pourrait honorer. D’après le bilan de son holding luxembourgeois, il a déjà investi 10 millions d’euros dans l’entreprise française, et surtout plus de 300 millions de dollars (266 millions d’euros) dans la Britannica. Hervé Hugueny