Alors que sa mère, qu'elle aime si fort et essaie d'accompagner de son mieux, est en train de mourir d'un cancer à l'hôpital, Jeanne, la narratrice, décide de partir pour Calcutta. Non sans avoir passé le relais à sa sœur Juliette, qui travaille dans une ONG en Roumanie, puis à son autre sœur, Louise, en mission humanitaire elle aussi, en Inde, qu'elle va d'abord rejoindre. Sur un coup de tête : au cinéma, elle a vu un documentaire sur Jack Pregger, un être hors du commun, qui pratique la street medicine, d'abord au Bangladesh, puis à Calcutta depuis 1979. Un homme comme on n'en fait plus, Juif anglais d'origine polonaise, qui fut agriculteur au pays de Galles, a eu femmes et enfants, avant d'être appelé par le Holy Spirit, de se convertir au catholicisme, d'étudier la médecine à 43 ans et de consacrer le reste de sa vie à soigner les pauvres des pauvres, les parias... Mais attention, il n'est pas Père Teresa : il ne cherche à convertir personne. Finissant par vaincre les réticences du « vieux Grincheux » (87 ans), Jeanne lui fait raconter son parcours, en vue d'en faire un livre, un jour. Ce faisant, elle ne peut s'empêcher de penser à sa mère, de se remémorer le bonheur que cette femme d'exception, aristocrate cultivée devenue institutrice, leur a offert. Du côté du père, en revanche, Vietnamien dont la mère avait servi le dernier empereur Bao Dai, c'est plus compliqué.

En confessant Jack, en célébrant sa mère (décédée en 2018), Jeanne Pham Tran entremêle leurs deux figures dans un premier roman cathartique, juste et touchant, parfois brutal, mais la vraie vie est souvent ainsi.