11 juin > polar Grande-Bretagne

Grâce à ses deux précédents romans traduits en français, L. C. Tyler a familiarisé le lecteur avec son duo d’enquêteurs : Ethelred Tressider et Elsie Thirkettle. La seconde, une enquiquineuse insolente et directe, mais aussi excellente observatrice, est l’agent littéraire du premier, à qui elle répète : "Tu es un auteur de polars de troisième zone." Ils forment une équipe redoutable en matière d’enquêtes criminelles, menées sans mandat ni légitimité, l’essentiel étant de résoudre l’énigme.

Cette fois, au cours d’un long dîner où il a convié plusieurs de ses amis, on retrouve Sir Robert Muntham, qui s’est absenté de table un moment, étranglé dans la bibliothèque de son château, hermétiquement close, même si on découvre ensuite qu’elle dispose d’un passage secret. Suicide ? C’est l’hypothèse première, Sir Robert étant ruiné et souffrant d’un cancer en phase terminale. Ou bien meurtre ? Hypothèse que privilégie la veuve, sans doute pour toucher l’assurance-vie. Il faut dire que la plupart des convives avaient une bonne raison d’en vouloir à leur hôte. Ethelred et Elsie vont donc enquêter et mener leurs investigations de façon loufoque et naïve, et finiront par élucider ce mystère.

Bien sûr, L. C. Tyler se situe dans la postérité directe d’Agatha Christie, via le Cluedo, inspiré de ses intrigues complexes à personnages multiples. Mais, avec un humour décalé, la qualité principale de ce roman à tiroirs est sa construction, comme un jeu de miroirs. Ethelred et Elsie racontent les mêmes épisodes à la première personne, mais pas avec le même point de vue, tandis que l’histoire que vit en réel le romancier déteint sur le nouveau polar historique qu’il est en train d’écrire : une aventure de Maître Thomas, un clerc du XIVe siècle mêlé malgré lui à de fort périlleuses intrigues. Tout cela est brillant, et so british. J.-C. P.

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