Journée sur le livre numérique réussie au CNL

Journée sur le livre numérique réussie au CNL

Des ateliers autour du livre numérique, en partenariat avec nonfiction.fr et Livres Hebdo, se sont achevés dans l'après midi, devant une centaine de personnes.

avec mq, sp Créé le 15.04.2015 à 21h52

Après les quatres ateliers de la matinée, le CNL continuait à débattre et partager les expériences des professionnels autour du numérique. La parole était libre et franche.

L'après-midi, le cinquième atelier se fixe pour objectif d'évoquer la "finitude" du livre numérique. A l'heure où le livre numérique devient un flux, les limites de celui-ci semblent se dilater de manière infinie. Mickaël Ferloni des éditions MkF évoque une collection à venir où plusieurs livres se rejoindront de façon transversale, dans une perspective se rapprochant de celle de l'encyclopédie.

Ronan Le Breton, auteur de livres numérique, souligne à cette occasion la différence entre une oeuvre de collaboration avec plusieurs personnes - comme dans une BD avec un scénariste et un dessinateur -, et une oeuvre collective réalisée par plusieurs auteurs, mais dont on ne peut distinguer les contributions. Dans la salle, une personne parle des fan fictions, ces oeuvres de blogueurs qui inventent la suite d'un livre là où l'auteur a laissé des blancs. Paratextes, versions nouvelles d'un texte, réalité augmentée : les façons de provoquer l'infinitude d'un livre numérique sont évoquées tour à tour.

« donner envie et simplifier l'accès au numérique »


Durant le sixième atelier, on s'interrogeait sur les prix et les publics des « nouveaux modes de commercialisation du livre numérique. » Un interlocuteur constate que « La plupart des libraires sont allergiques au numérique ». « Il faudrait voir ce que peuvent amener les libraires en réinventant le lieu de rencontre du livre numérique ». L'enjeu de la difficile présentation de ces livres immatériels, est abordé. « Le livre numérique est un produit très peu connu du grand public, il faut donc passer par un relais matérialisé par le point de vente physique. Il s'agit de donner envie et de simplifier l'accès au numérique », note une employée de Leclerc. Deux marchés se dessinent-t-ils ?, demande Théo Corbucci (nonfiction.fr), animateur de l'atelier. « Oui : il y a ceux qui n'achètent que les best sellers et les autres », répond un participant. « Amazon devient éditeur mais il ne relira jamais les textes 25 fois comme on le fait », lance un autre.

Sur la vente du livre numérique en magasin, Christophe Grossi, libraire en ligne et blogueur sur epagine.fr, fait part de l'expérience menée à la librairie La Procure à Paris, qui voulait répondre à la demande de leur clientèle de livres numériques spécialisés. « Ils ont installé non pas une borne mais un écran sur lequel apparaît le catalogue. » Les livres peuvent être consultés intégralement et « les lecteurs demandant à feuilleter un livre numérique comme un livre papier. » « Le livre reste un objet autonome par rapport aux autres produits culturels, la commercialisation est donc différente », insiste un intervenant. Il y a une « corrélation entre les ventes papier et les ventes numériques », souligne un autre. « Il ne faut pas forcément diminuer le prix du numérique : il faut plutôt proposer des services qui justifient ce prix », considère un consultant.

« La liseuse dans dix ans sera un support non rétroéclairé et en couleur »

Les deux derniers ateliers de la journée arrivent après la pause café. Le septième se penche sur les tablettes et liseuses, animé par Vincy Thomas (Livres hebdo). Hervé Bienvault, responsable de la cellule numérique chez Albin Michel, évoque les évolutions de la liseuse depuis celle qu'il a acheté à 700 euros à l'été 2006. Ces transformations ne sont pas près de s'arrêter : "La liseuse dans dix ans sera un support non rétroéclairé et en couleur" affirme-t-il. De fait, tablettes, mobiles et liseuses semblent pouvoir coexister sans s'exclure mutuellement. Chacun a son usage spécifique, même si, pour la lecture, la liseuse reste la mieux adaptée.

Pour l'instant, les liseuses fonctionnent selon un système vertical : les Kindle avec le Kindle store, Apple avec l'Apple Store... ce qui protégerait ces oeuvres du piratage, selon un des participant, vite contredit par d'autres qui estiment que cette concentration, ainsi que les DRM et les évolutions technologiques pénalisent surtout les éditeurs et les lecteurs.

Hervé Bienvault déclare qu'avec le développement du numérique, "il faut jouer en qualité sur les livres papier - il y a aujourd'hui des livres à 20 euros avec un papier qui jaunit en quelques semaines - ; de ce fait, les librairies de livres papier devraient devenir des lieux de commerce élitiste."

« On ne peut pas passer à côté du numérique pour l'enseignement des langues notamment »


Enfin, le dernier atelier, intitulé « potentialités pédagogiques du livre numérique », animé par Hervé Hugueny (Livres Hebdo), porte sur les possibilités numériques des manuels scolaires. Antoine Bonfait, responsable droit étrangers et dérivés chez Armand Colin, explique en préambule que le livre numérique pédagogique consiste en la numérisation de textes et documents de l'ouvrage. « Ce n'est pas vraiment un livre numérique », estime-t-il, aussitôt contredit sur ce point par une intervenante. Mireille Lamouroux, du Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) de l'académie de Versailles, indique qu'il y a un gros décalage entre le premier cycle et le lycéen et entre les disciplines. « On pourrait envisager un support papier » et des « compléments gérés par le professeur en classe, lance Antoine Bonfait. Il y a un problème de formation des enseignants sur le numérique. C'est pourquoi les éditeurs sont prudents et restent très traditionnels dans leurs propositions ». « On ne peut pas passer à côté du numérique pour l'enseignement des langues notamment », estime une éditrice. Quant à l'expérience lancée dans quelques collèges, « c'est presque un fiasco, les populations qui s'en sont emparées sont à la marge », selon Mireille Lamouroux.

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