7 SEPTEMBRE - COURTS TEXTES Israël

Etgar Keret- Photo DAN PORGES/ACTES SUD

Depuis La colo de Kneller (Actes Sud, 2001, réédité ces jours-ci en collection "Babel") et Crise d'asthme (Actes Sud, 2002), Etgar Keret a obtenu auprès de ses lecteurs français (et partout dans le monde) le statut, enviable et contraignant, de "chien fou" gambadant imprudemment dans le jeu de quilles de la littérature israélienne. Cette réputation de "wonder boy", entretenue au fil de livres, essentiellement des recueils de nouvelles, de scénarios de BD, de films (dont le très beau Les méduses, réalisé avec sa femme Shira Geffen, caméra d'or à Cannes), de toutes sortes de prestations publiques péremptoires et brillantes, est désormais solidement établie. Les 38 courts textes qui composent Au pays des mensonges portent tous le témoignage de la prodigalité de ses dons. Ils sont comme hantés par une impression de fête ratée, de mondes parallèles, par une mise en doute méthodique du réel. Ici, les personnages viennent demander des comptes à leur créateur. Là, les mensonges s'incarnent. Ailleurs, la mort est une mauvaise plaisanterie. Dans un récent entretien accordé au New York Times, l'Israélien rendait hommage à la fantaisie de Ionesco. Au fond, il y a de ça dans ce Pays des mensonges. Toujours, avec un humour et une fantaisie atrocement allègre, Etgar Keret tend au monde, le sien, le nôtre, un miroir convexe. Face à un pays comme Israël où l'irrationnel tient lieu de règle, l'écrivain n'a d'autre choix, pour dire l'amour qu'il lui porte, le souci qu'il lui cause, que d'exagérer. D'excéder en quelque sorte le réel, pour mieux l'appréhender, le rendre enfin supportable.

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