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C’est un bon rapport, argumenté, clair que celui que vient de remettre Laurence Engel (« médiateur » du livre) à la ministre de la culture et de la communication, Fleur Pellerin. Le développement du streaming pose la question de sa compatibilité avec le mode de régulation du livre numérique dans notre pays. Et la réponse est sans ambiguïté : « L’analyse des textes – la loi et le décret – comme les enseignements tirés des débats parlementaires qui les ont précédés conduisent à considérer que la loi de 2011 couvre bien les abonnements. » Mais pas toutes les offres d’abonnement : comme l’écrit Laurence Engel un peu plus loin, « La loi de 2011 n’interdit pas l’abonnement mais elle en conditionne les modalités ». Certains abonnements ne sont donc pas envisageables. C’est l’argument – légitime - de la robustesse du modèle économique présent. C’est aussi celui de la force du dispositif de régulation qui prévaut dans notre pays : le fondement de la loi de 2011 est que le prix de vente doit être fixé par l’éditeur. Et, comme le note Laurence Engel, il s’applique aux « offres » et non aux « livres ».

Nul ne peut contester qu’on dispose avec le livre d’un écosystème à peu près solide et résistant aux soubresauts de la conjoncture économique. Un Netflix du livre, s’il devait se développer significativement – ce qui est loin d’être certain - perturberait toute la filière du livre. En effet, les abonnements illimités sont profondément déstabilisants pour la filière car reposant sur des modèles non rentables et dont les remontées sur la chaine de valeur sont dérisoires.

Faut-il pour autant ajouter que l’offre illimitée ne présente que peu d’intérêt pour le consommateur ? Qu’en sait-on ? L’étude citée dans le rapport et menée pour la Hadopi, alors que l’on compte si peu de lecteurs numériques et qu’il s’agit d’offres peu connues, ne saurait suffire à démontrer l’absence d’appétit pour une formule d’offre en streaming. Ce qui est bon pour la filière ne l’est pas nécessairement pour le lecteur. L’argument est inutile à ce stade.

J’ai été aussi surprise par l’argument qui consiste à repérer une continuité entre les offres d’abonnement et la lecture publique. L’abonnement en format numérique, et a fortiori l’abonnement en streaming constituent une rupture de sens autant que de modèle économique. C’est sans doute à ce titre que tant d’acteurs économiques ont pu s’en inquiéter.

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