Qu'est-ce que la bibliothèque d'après ce qu'elle donne à voir sur son site web ? C'est à cette question qu'un groupe d'étudiants de DUT « Métiers du livre » de   l'IUT Nancy-Charlemagne devait répondre. Leur travail est basé sur un échantillon de 60 bibliothèques de toute la France et de taille variable. Des tendances assez claires se dégagent et les sites web des bibliothèques écrivent ce qui figure sur la « biblio box » comme ce qui en est absent. Dans près de 80% des sites, les animations apparaissent sur la page d'accueil. La bibliothèque se donne à voir à travers les événements qu'elle organise. Ceux-ci portent sur des thèmes précis qui sont loin de pouvoir intéresser un public très large et le risque n'est pas nul que les visiteurs du site prennent la partie pour le tout c'est-à-dire qu'ils étendent leur peu d'intérêt pour l'animation à la bibliothèque dans son ensemble. Par exemple : l'effet « vitrine » du « Printemps des poètes » est sans doute assez limité...   La bibliothèque se donne aussi à voir à travers ses documents. Elle met en avant les « nouveautés », les « coups de cœur » (notamment pour la jeunesse), son « patrimoine » ou son « catalogue ». Elle le fait parfois en utilisant le jargon professionnel : « documents sonores », « fonds local », etc. Cette mise en avant des documents prend place dans le cadre d'une relation asymétrique (« de nous à vous » comme une bibliothèque choisit d'intituler sa rubrique qui rassemble « coups de cœur » et « sélections thématiques »). Les visiteurs sont invités à découvrir les « trésors » que la bibliothèque accumule et choisit pour eux. Leur possibilité d'intervenir n'apparaît pas que ce soit pour des « coups de cœur de lecteurs », des suggestions d'achat ou des commentaires sur la bibliothèque ou sur d'autres sujets. La bibliothèque se présente comme une institution au sens où elle a vocation à transmettre plus qu'à échanger ou écouter... Son caractère institutionnel se dégage aussi du style indirect très largement utilisé et aussi du caractère très impersonnel du service (très rares sont les équipements qui parlent de leur personnel).   La bibliothèque tend à se montrer comme une institution documentaire qui prolonge son activité vers l'animation culturelle. Cette image ne recouvre pourtant pas la réalité des fonctions qu'elle remplit. Ainsi, aucun site visité ne signale explicitement l'usage scolaire comme une modalité possible de fréquentation de la bibliothèque alors que c'est une motivation massive de fréquentation chez les jeunes. Le discours institutionnel l'emporte sur la réalité des usages de l'équipement. De même l'usage de la bibliothèque comme lieu de lecture ou de séjour n'apparaît presque pas. Et Saint Quentin en Yvelines se démarque quand elle explique : « Vous avez ainsi la possibilité de vous installer confortablement pour lire, ou travailler grâce aux différents espaces aménagés à cet effet. ». Ces usages qui pourraient résister le mieux à la dématérialisation de l'information sont négligés, cachés. Et si presque toutes les bibliothèques fournissent des renseignements sur comment y accéder (plan, horaires), presque aucune ne signale les usages qu'on peut en faire ou bien même comment se présentent les lieux. Très peu de sites en effet présentent des photos ou vidéos de leurs espaces. Ceux qui ne connaissent pas le lieu ne pourront le découvrir de façon virtuelle. On ne trouve pas sur les sites ce qui figure souvent sur les sites des bibliothèques publiques anglo-saxonnes : un « virtual tour » de la bibliothèque (voir l'exemple ici : http://www.eapl.org/tour/Library-Introduction.asp ).   Au total, les bibliothèques se donnent à voir de façon assez froide et restrictive. Alors qu'Internet est un moyen pour rencontrer (et intéresser) les non-usagers, on a l'impression qu'elles s'adressent seulement aux usagers...   A l'heure où plus de la moitié de la population a une box lui donnant accès à Internet en haut débit, il faudrait peut-être mettre davantage en valeur la « biblio box », non ?  
15.10 2013

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