Premier Roman/Irlande 3 avril Anne Griffin

Au soir de sa vie, Maurice Hannigan ressent l'envie de parler. Parler pour libérer les émotions accumulées au fil des années, comme s'il avait « un rocher coincé dans la gorge ». Lui, habituellement mutique, se doit de se confesser à 84 ans. Quel est le lieu le plus propice, si ce n'est le bar d'un hôtel, dans un bourg irlandais. « Il n'y a que moi qui marmonne dans ma barbe. Je suis ici pour me souvenir - de ce que j'ai été et de ce que je ne serai plus. » Anne Griffin se greffe parfaitement à ce paysan déchu, assujetti à la mélancolie et aux regrets, qui va porter un toast aux cinq personnes qui ont le plus compté pour lui.

A commencer par son aîné, Tony, pilier protecteur emporté par la tuberculose. Ce vide n'a jamais pu être comblé, or c'est bien connu, les hommes ne pleurent pas. Avec sa « carrure d'armoire à glace », Maurice n'est point habitué à montrer ses fêlures, or il n'y a pas de honte à les assumer. Autres deuils déchirants : Molly, sa « poupée de porcelaine », ou sa bien-aimée Sadie, à laquelle il demande pardon. Maurice ravive leur histoire en s'adressant au fruit de leur amour, Kevin. « Voilà, mon fils, c'est moi, avec le bon et le mauvais. » Un portrait, sans concession, faisant preuve d'ironie, de sincérité et d'humanité. Traduit en sept langues, cet héritage arrosé invite chaque lecteur à se pencher sur son existence. Histoire de ne pas oublier de remercier les êtres qui comptent. Santé !

Anne Griffin
Toute une vie et un soir - Traduit de l’anglais (Irlande) par Claire Desserrey
Delcourt
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 20,50 euros ; 272 p.
ISBN: 9782413017509

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