La déportation homosexuelle : quand les livres réveillent la Mémoire

La déportation homosexuelle : quand les livres réveillent la Mémoire

De nombreux ouvrages contredisent les propos considérés comme négationnistes du député Christian Vanneste.

Par Vincy Thomas,
avec vt Créé le 25.01.2014 à 14h10

Suscitant de vives réactions à gauche comme à droite ainsi que sur les réseaux sociaux, et conduisant son parti à envisager son exclusion et le retrait de son investiture aux législatives à Tourcoing, la déclaration du député UMP Christian Vanneste selon lequel « il n'y a pas eu de déportation des homosexuels en France », sur le site catholique Libertepolitique.com, intervient alors que de nombreux livres démentent les déclarations de l'élu du Nord.

Si Rudolf Brazda, qui fut le dernier survivant connu de la déportation homosexuelle en France, est mort en août dernier, les historiens estiment à 30 000 le nombre d'homosexuels déportés en Europe, et des mémoriaux érigés ces dernières années notamment à Berlin et Paris infirment le terme de « légende » utilisé par Christian Vanneste.

Plusieurs livres ont appuyé le travail de mémoire sur la déportation des homosexuels :

Pierre Seel, décédé en 2005, avait décrit sa déportation à Schirmeck puis dans le camp de Struthof, en France, dans Moi, Pierre Seel, déporté, homosexuel (Calmann-Levy, 1994).

Dans Les hommes au triangle rose, d'Heinz Heger, préfacé par Jean Le Bitoux (H&O, 2006, pour l'édition la plus récente), l'auteur témoigne de son arrestation en 1939 à Vienne (Autriche) et de sa déportation jusqu'en 1945 dans les camps nazis. Jean le Bitoux, initiateur du Mémorial de la déportation homosexuelle, décédé en 2010, a lui-même fait l'objet d'une publication, en 2010, Jean Le Bitoux : passeur de mémoire (éditions Michel Chomarat).

En 2006 également, la Bibliothèque municipale de Lyon avait publié le compte-rendu des Assises internationales de la mémoire gay et lesbienne, consacrées à la déportation des homosexuels, incluant le discours de Jacques Chirac en souvenir des victimes et des héros de la déportation.

Jean-Luc Schwab s'est intéressé à Rudolf Brazda dans Itinéraire d'un triangle rose (Florent Massot, 2010), qui a vécu l'horreur du camp de Buchenwald. Le document révèle aussi le détail des enquêtes policières qui visaient les homosexuels.

La même année André Sarq publie Aux hommes tués deux fois (la guenille), poème dédié aux homosexuel déportés (Les impressions nouvelles), où il considère que la négation de ce « massacre » est un second assassinat.

Il y a un an Régis Schlagdenhauffen enquête sur ce sujet dans Triangle rose : la persécution nazie des homosexuels et sa mémoire (Autrement), qui reçu le prix de la Fondation Auschwitz.

En mai 2011, les éditions Hermann ont édité Le IIIe Reich et les homosexuels, de Thomas Rozec, qui étudie les rapports entre le régime nazi et le tabou de l'homosexualité, ainsi que la répression sur cette communauté.

En septembre, Michel Dufranne et Milorad Vicanovic-Maza ont publié Triangle rose (Soleil « Quadrants »), une bande dessinée dont le héros, Andreas, berlinois, subit les lois répressives avant d'être déporté.

Enfin, Mémoire active a produit il y a un an La déportation pour motif d'homosexualité en France, ouvrage historique réalisé sous la direction de Mickaël Bertrand.

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