Lou, née en 1969, vit près d'un lac en Scanie, dans le sud de la Suède. Petite dernière, parmi treize adultes membres de deux familles, celle de sa mère et celle de son père, vivant sous le même toit, qui ont quitté le Nord sur une idée du grand-père paternel après avoir acheté sans la visiter une vaste maison commune, deux mille kilomètres plus au sud.

A 7 ans, à l'occasion d'un incendie, la fillette fait la connaissance de Lukas, 13 ans, qui habite seul avec son père d'origine hongroise. Un garçon sauvage qui porte régulièrement des bleus sur le corps et fascine cette petite fille choyée qui n'a peur de rien. Mais les mises en garde maternelles mystérieuses - "méfie-toi de l'amour » - n'ont que peu d'effet sur la relation qui se noue entre les deux enfants-adolescents. Dans le secret et la réprobation, ils traversent les années, enchaînés l'un à l'autre par une attirance puissante, "proches, sans dépasser les limites ». Se retrouvant en cachette dans une "cabane de pêcheur de perles » dissimulée dans la végétation des bords du lac, ils s'enferment dans un monde de fraternité exclusive, absolue. Jusqu'aux 15 ans de Lou (Lukas, devenu adulte, travaille alors dans une tannerie) où ils fuguent pour deux jours à Copenhague. Une échappée qui fait basculer leur histoire. A 17 ans, la jeune fille part pour suivre Yoel, le désinvolte, l'exact opposé de son compagnon d'enfance, puis entame une vie de voyages, de villes en hommes, une fuite dans l'ombre portée de sa trahison. Après le couple formé par Lou et Lukas, c'est Katarina, la mère de Lou, évoquée à plusieurs âges de sa vie, admiratrice de Jean Seberg dans A bout de souffle, qui est le personnage le plus attachant de ce roman. "Je l'aimais comme on aime le vent qui va et vient à sa guise », se souvient sa fille.

Traversé de sentiments amples et plein de nuances, Embrasement raconte sans romantisme excessif l'amour frustré, le désir d'aventures qui consume les coeurs et la nécessité d'abandonner pour devenir soi. Une nouvelle voix romanesque venue du Nord.