9 novembre > Poésie France > Lydie Dattas

Carnet d’une allumeuse s’ouvre sur une variation autour d’Une saison en enfer qu’un homme lui offrit, dédicacé, quand Lydie Dattas avait 15 ans. Un cadeau d’amoureux qui fut une "révélation métaphysique" : Rimbaud venait de foudroyer son âme. Cinquante ans plus tard, ces noces mystiques durent toujours.

Retour sur l’adolescence d’une poéte. De saynètes en saynètes, elle a entre 13 et 16 ans. Timide et orgueilleuse, candide et avisée, elle est belle avant tout. Sa beauté est encombrante, elle prend conscience de sa puissance, de ses sortilèges. Elle enrage de se découvrir "bel oiseau des îles", refuse d’être condamnée, comme les autres, à vérifier son existence dans les miroirs. Avec ses yeux "de poix brûlante", sa chevelure ensorcelante, elle se sait, se veut voyante. La belle choisit la poésie, sa voie pour déjouer le sort commun des filles : la loi du corps et des fards, de la séduction, le mariage, l’enfantement. "J’ai échangé le paradis des mères contre le verbe qui rend fou."

Lire Lydie Dattas, c’est recevoir un concentré d’illuminations, d’images qui semblent jetées comme une brassée de bois sec pour nourrir un brasier intérieur. Quand un homme traite l’adolescente d’"allumeuse", elle cherche dans le dictionnaire et trouve cette définition : "celle qui éclaire". L’auteure de La nuit spirituelle offre cet incendiaire poème en prose à la jeune allumeuse qu’elle fut, à la femme en quête d’absolu et de transcendance qu’elle n’a jamais cessé d’être. A toutes les filles du monde qu’elle exhorte à "creuser [leur] nuit". V. R.

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