La fiscalité et les subventions d'Amazon irritent ses concurrents

Chez Amazon France © Olivier Dion

La fiscalité et les subventions d'Amazon irritent ses concurrents

Les subventions que reçoit Amazon pour l'implantation de ses centres d'expédition soulèvent l'incompréhension, alors que le cybermarchand s'arrange pour échapper à l'impôt.

Par AFP,
avec avec afp Créé le 15.04.2015 à 23h36

La grogne contre Amazon, déjà dans le collimateur du fisc français, s'intensifie en France, plusieurs distributeurs hexagonaux dénonçant les subventions publiques et le manque d'harmonie fiscale au niveau européen dont bénéficie le géant américain.

Serge Papin, le patron de Système U, s'en est pris au commerçant en ligne dans un entretien aux Echos, fustigeant notamment l'injustice que représente l'octroi de subventions publiques alors même qu'il ne paie quasiment pas d'impôts en France. Amazon dispose de trois entrepôts en France, dont le dernier inauguré en septembre à Sevrey (Saône-et-Loire), a bénéficié de subventions dont le montant s'élèverait à plus de trois millions d'euros sur cinq ans.

Amazon recevra ainsi 3400 euros par emploi par la région, 1100 euros par emploi par le département, auxquels s'ajouteront 1000 à 2000 euros par emploi de la part de l'Etat au titre de la prime d'aménagement du territoire. Amazon prévoit également d'ouvrir une quatrième plateforme logistique dans le Nord d'ici 2015, pour lequel il pourrait là aussi bénéficier d'aides publiques.

«C'est encore en débat. Pour des raisons de chômage, certains pourraient ne pas être trop regardants [...] mais on ne va tout de même pas donner de l'argent à quelqu'un qui réalise des centaines de millions de chiffres d'affaires et qui, en plus, doit de l'argent au fisc français», fustige Dominique Plancke, élu EELV du Nord/Pas-de-Calais.

Fiscalité

Le deuxième grief mis en avant par les distributeurs français est en effet celui de la fiscalité. Comme d'autres multinationales, Amazon s'est implanté au Luxembourg, ce qui lui permet notamment de ne déclarer un chiffre d'affaires que de 110 millions d'euros en France, alors que selon une estimation d'Euromonitor, ses ventes 2011 dans l'Hexagone atteindraient 1,3 milliard d'euros. Profitant de la concurrence entre Etats pour attirer les entreprises, les techniques d'optimisation fiscale ne sont pas interdites, mais l'inspection des impôts juge qu'Amazon a passé la ligne jaune et lui réclame un redressement de près de 200 millions d'euros, que le cybermarchand conteste.

Alexandre Bompard, PDG de la Fnac, a aussi condamné sur son compte Twitter les «pratiques hégémoniques» et le «dumping fiscal et réglementaire pratiqués par ce type d'entreprises US». De la même manière, le patron de Vente-privée.com, Jacques-Antoine Granjon, a déclaré le 27 novembre face à la ministre déléguée à l'économie numérique Fleur Pellerin, qu'il n'y avait «aucune raison pour qu'Amazon paie zéro impôts en France parce que son siège est au Luxembourg».

Cette dernière avait ajouté que la différence de taux de TVA numérique au niveau européen, dont bénéficie également le géant américain, crée une «concurrence déloyale». La ministre a réaffirmé la volonté du gouvernement d'accélérer le calendrier prévu pour l'harmonisation fiscale au niveau européen. «On ne doit pas attendre 2019 pour que cette concurrence déloyale cesse de s'exercer», a-t-elle estimé.
15.04 2015

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