La France imperméable à l'agitation numérique à Francfort

La France imperméable à l'agitation numérique à Francfort

La diffusion globale des contenus a été le fil directeur d'une grande partie de la quarantaine de conférences organisées lors du colloque Tools of change, à la veille de l'ouverture de la foire de Francfort.

Par Hervé Hugueny,
avec hh, de francfort Créé le 15.04.2015 à 21h52

Toujours en tête de l'innovation et l'initiative dans le marché du livre numérique, les éditeurs anglophones s'intéressent maintenant à la diffusion de leurs contenus dans le monde entier, et cette préoccupation a servi de fil conducteur à la version européenne du colloque Tools for change, organisé comme les années précédentes par O'Reilly à la veille de l'ouverture de la foire de Francfort.


La France reste résolument distante à l'égard de cet emballement autour du livre numérique, aussi bien les lecteurs que les professionnels de l'édition. Un nombre grandissant d'entre eux assiste pourtant à cette journée maintenant bien établie à Francfort, mais aucun n'a participé à la quarantaine de conférences ou présentations programmées au cours de la journée. C'est en phase avec l'état du marché national, qui se confirme comme un des plus restreints dans l'enquête Global eBook Monitor ou dans celle de l'Association internationale des éditeurs, présentées ce jour. L'Inde, la Chine, l'Amérique du Sud font partie des terres de conquête que convoitent les grands groupes.

Les organisateurs de TOC, toujours à la recherche d'où pourrait venir la prochaine révolution, ont invité en ouverture Andrew Bud (MEF), un spécialiste du marché des smartphones, le terminal à tout faire du futur, que les Français n'apprécient pas moins que les autres, pour le coup. Pour le moment, les usages dans le livre sont encore limités, mais les opportunités n'en sont que plus grandes, a-t-il insisté.


Dans cette globalisation annoncée, les métadonnées et leur gestion deviennent un élément déterminant du succès et de la visibilité des livres sur Internet. La fusion avec TOC de la conférence parallèle organisée auparavant par EDItEUR, l'organisme international qui vient du livre papier, montre d'ailleurs le rapprochement entre les deux univers. "Développer un schéma unique et universel est la meilleure et la plus viable des solutions, pour le bénéfice de tous" a insisté Graham Bell, "architecte en chef des données" chez EDItEUR.

La prescription ("discovery") du livre dans cet univers, rôle traditionnellement dévolu au libraire, passe par les réseaux sociaux
, et tout particulièrement ceux qui sont dédiés à la lecture : les représentants de Goodreader, Bookshout ont expliqué leur fonctionnement, leur économie, encore incertaine, et leur souci de faire émerger des livres oubliés devant une salle comble - où se trouvait notamment Matthieu de Montchalin, président du Syndicat de la librairie française, au premier rang.

Les questions de tarification ont également été très suivies. Une certaine stabilité semble émerger des marchés américains et britanniques, les plus avancés dans l'usage du livre numérique. Un prix "normal" pour le lecteur pourrait se trouver autour de 50% du tarif de la première édition reliée, et de 80% du tarif du poche, selon Ann Betts, présentant les dernières données de Nielsen.

Le piratage, souvent présenté comme la réponse radicale de lecteurs mécontents d'une tarification trop élevée, reste une préoccupation importante, et l'usage des DRM a fait l'objet de discussions animées. Joe Wickert, directeur général d'O'Reilly, chargé de la division Technology Exchange, a payé généreusement de sa personne dans plusieurs débats, en tant que représentant d'une des rares maisons importantes du marché américain à refuser l'emploi des DRM, "une protection illusoire" selon lui. "Nous faisons confiance à nos lecteurs" a-t-il insisté, sans lever tous les questionnements de professionnels qui réagissent plutôt en fonction de leurs convictions, répressives ou éducatives, que d'une réelle expérience.


15.04 2015

Les dernières
actualités