18 août > roman France

La disparition d’un parent fait habituellement trembler les fondations. C’est ce que ressent Joann Sfar. "Je pense à mon papa", écrit-il dans ce texte d’une grande sincérité. Il a passé l’été à son chevet, mais lorsque son père s’éteint, il reste un goût d’inachevé, leur relation chancelante étant bâtie sur un mensonge. Joann n’a que 3 ans et demi quand il perd sa mère. Un drame que les grands ne parviennent pas à encaisser. Alors comment l’expliquer à un enfant ? On lui dit que "maman est partie en voyage. J’ai eu le sentiment que le langage servait à mentir". A partir de ce bobard, Sfar éprouve le besoin de raconter des histoires. Les mots lui font défaut, il choisit donc le dessin, qu’il peuple de personnages liés à cette enfance boiteuse - souvent heureuse.

Tous ont contribué à le façonner, y compris ce père qu’il croque au plus juste dans ces pages. "Il était avocat, promoteur, pianiste et beau comme Sacha Distel." Un tombeur peu préparé à endosser le rôle paternel et maternel. Le sentant triste, son fils s’efforce de jouer les trublions. L’humour est omniprésent, mais Joann dévoile aussi ses états d’âme, sa crise d’adolescence tardive, ses amours ou son rapport au judaïsme et à Dieu. Les thèmes de son œuvre atteignent leur apogée. Fidèle à lui-même, Sfar ne tombe guère dans le politiquement correct, au contraire ! Ecrit à la première personne, ce livre révèle les failles qui ont façonné l’homme d’aujourd’hui. Il s’agit également d’une déclaration d’amour à ce père imparfait, qui a fait ce qu’il a pu. Kerenn Elkaïm

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