À la demande de la mairie de Paris, le groupe JCDecaux a fait retirer les affiches promotionnelles du livre Transmania, paru le 11 avril 2024 aux éditions Magnus. « Si JCDecaux est par conviction attaché à la liberté d’expression, nous avons procédé au retrait des affiches Transmania sur les mobiliers concernés du fait des propos véhiculés sur le visuel », a expliqué l’entreprise au média TÊTU. Promettant une « enquête évènement » sur « l’idéologie transgenre », le livre de Dora Moutot et Marguerite Stern faisait déjà polémique bien avant sa sortie.
Des autrices déjà épinglées pour « transphobie »
« Femellistes » revendiquées, les deux autrices multiplient les prises de position publiques contre les transitions de genre et la légitimité de la transidentité, invoquant les « réalités biologiques » et la « protection des enfants », thématiques au cœur de Transmania. Elles font d’ailleurs l’objet d’une plainte avec constitution de partie civile depuis 2023 pour « injures publiques envers une personne à raison de son identité de genre » et « provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe », déposée par les associations Mousse et Stop Homophobie ainsi que Marie Cau, maire de Tilloy-les-Marchiennes et le journaliste Hanneli Escurier.
Aussi, la campagne de publicité en faveur de l’essai dans les villes de Paris, Toulouse et Lyon a fait immédiatement réagir sur les réseaux sociaux. Publié le 16 avril 2024, un tweet de la performeuse Kam Hugh, connue pour son passage dans l’émission France Télévisions Drag Race, a mis le feu aux poudres : « Comment une publicité ouvertement TRANSPHOBE peut elle être acceptée à Paris ? @Anne_Hidalgo agissez ! LA HONTE sur notre ville et pays à l’aube des JO… », écrit la drag-queen. Premier adjoint à la Maire de Paris en charge de l’urbanisme, Emmanuel Grégoire a réagi le lendemain sur son compte public : « La transphobie est un délit. La haine de l’autre n’a pas sa place dans notre ville. Paris n’est pas la vitrine de cette haine crasse. » Il est rejoint par Jean-Luc Romero-Michel, également adjoint à la mairie, qui déclare : « Paris n’accepte et n’acceptera jamais une campagne transphobe ! »
La transphobie est un délit. La haine de l'autre n'a pas sa place dans notre ville.
— Emmanuel Grégoire (@egregoire) April 17, 2024
Paris n'est pas la vitrine de cette haine crasse.
Je vais saisir @JCDecaux_France pour demander le retrait de cette publicité. https://t.co/qTSrimyBpb
Les éditions Magnus « n’en resteront pas là »
Suite aux retraits des publicités, Dora Moutot et Marguerite Stern se sont exprimées sur leurs réseaux sociaux : « Notre chère maison d’édition nous a offert des affiches dans quatre villes différentes pour promouvoir le livre, et les adjoints au maire appellent à les censurer même s’ils ne l’ont même pas lu… La Transmania est si réelle en France… » écrit Marguerite Stern sur son compte X.
La direction des éditions Magnus a également réagi dans un communiqué. « Ce qui nous heurte, nous, chez Magnus, ce sont les mutilations de corps d’enfants que cette idéologie promeut. Ce qui nous heurte enfin, c’est tout cet argent du contribuable dépensé pour promouvoir une idéologie ravageuse et dont, en réalité, aucune personne sensée ne voudrait si elle en connaissait toute la portée. » Ils déclarent ne pas avoir été prévenus par JCDecaux avant le retrait et que de leur côté, « ils n’en resteront pas là ».
[COMMUNIQUÉ]#TRANSMANIA : LE LIVRE SCANDALE QU’ILS VEULENT CENSURER pic.twitter.com/oFj91zKtcr
— Magnus (@Magnus_editions) April 17, 2024
Fondée par Laura Magné et Laurent Obertone en 2021, la maison d’édition fait, elle aussi, régulièrement l’objet de polémiques. Parmi ses auteurs-phares : le militant affilié à l’extrême-droite Papacito, récemment traduit en justice pour injures et provocation à la haine et au crime envers le maire de Montjoi Christian Eurgal et le dessinateur Marsault, condamné en 2019 pour harcèlement, injure publique et usurpation d’identité envers une internaute féministe.
L’essai Transmania se trouve actuellement à la quatrième place des meilleures ventes sur Amazon. Il s’est écoulé à 372 exemplaires et est en cours de réimpression.
