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Marsault, d’un procès à l’autre

Marsault et Yan Lindingre - Photo Copie d'écran/Ring / The supermat

Marsault, d’un procès à l’autre

Tour à tour condamné puis victime présumée, le dessinateur a été jugé pour harcèlement, injure publique et usurpation d’identité le 18 janvier dernier. Le même jour, il était entendu concernant sa plainte pour diffamation et injure publique contre Yan Lindingre, ex-rédacteur en chef de Fluide glacial.

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Par Livres Hebdo,
Créé le 08.02.2019 à 17h51

Changement de rôle d’un procès à l’autre. Le dessinateur Marsault a été condamné vendredi 18 janvier par le tribunal de Créteil pour harcèlement, injure publique et usurpation d’identité dans l’affaire de cyber-harcèlement qui l’opposait à Mégane Kamel, militante féministe. Le même jour, il était entendu à la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris comme victime présumée, accusant l’ex-rédacteur en chef de Fluide Glacial Yan Lindingre de diffamation et injure publique.
 
A l’été 2016, la suppression du compte Facebook de Marsault après plusieurs signalements avait éveillé la réjouissance de la militante féministe Mégane Kamel. Le dessinateur a alors mis en avant son profil auprès de ses abonnés ("Quand on affiche une connasse hystérique qui se vante de signaler et d'anéantir une communauté de 220 000 personnes, on est misogyne? Bien joué Mégane Kamel, félicitations pour ton acharnement, et bonne soirée (tu vas peut-être recevoir 3-4 messages, hein)", a-t-il écrit).

S’ensuivent de multiples messages de haine et de menaces (la victime en dénombre plus de 1000, les avocats de la défense en ont comptés 39) reçus par Mégane Kamel, qui accuse le dessinateur de 7 délits et réclame 80000 euros de dommages et intérêts. Le 18 janvier, trois chefs d’accusation ont finalement été retenus (harcèlement, injure publique et usurpation d’identité) et Marsault a été condamné à verser 2000€ à la victime et 5000€ d’amende délictuelle à l’Etat. "Je ne ferai pas appel", a-t-il précisé.
 
Dessinateur d’extrême droite
 
Pourtant, Marsault a initié un deuxième procès en déposant plainte contre Yan Lindingre qu’il accuse de diffamation et d’injure publique pour l’avoir associé à l’idéologue d’extrême droite Alain Soral dans un post Facebook, réclamant 45000€ en plus d’autres frais divers. "Cette nouvelle espèce qui nous envahit, ces dessinateurs de droite et d’extrême droite, émerge au même moment que des mouvements néonazis totalement décomplexés, à travers l’Europe, font florès. Ça ne choque plus l’opinion. Moi si. D’autant plus quand un type comme Marsault, qui soutient les idées de Soral, se revendique de l’influence de Gotlib", affirme notamment le post.
 
"Un certain temps, les dessins de Marsault étaient diffusés sur le blog de Soral. Pour moi, on ne peut pas accepter qu’il reprenne certains éléments si on n’adhère pas à ce qu’il fait. Moi je lui avais demandé d’arrêter d’utiliser le personnage de SuperDupont de Gotlib qu’il avait détourné", explique Yan Lindingre à Livres Hebdo. Le 18 janvier, l’auteur a par ailleurs signalé deux posts passés de Marsault, l’un célébrant l’esthétisme du IIIe Reich, l’autre défendant le suprémacisme blanc. La diffamation n’a finalement pas été retenue, réduisant considérablement la somme réclamée.
 
Menaces contre soutien massif
 
Entre novembre et janvier, l’ex-rédacteur en chef Yan Lindingre – l’éditeur Bamboo, actionnaire majoritaire du magazine depuis 2016, a annoncé son remplacement le 27 novembre par un ancien de la maison, Jean-Christophe Delpierre – a reçu tour à tour des menaces violentes et un soutien massif.
 
D’un côté, une trentaine de messages de haine et de menaces de mort de la part d’internautes utilisant des faux profils. ("Tout s’est arrêté au moment du procès de Mégane Kamel", précise Yan Lindingre). De l’autre, une cagnotte lancée fin novembre et signée par 167 noms de la bande dessinée – dont Fabcaro, Lisa Mandel, Jean-Christophe Menu, Cyril Pedrosa, Benoît Peeters ou encore Lewis Trondheim – totalise désormais près de 10000€. Une première partie de la somme a été versée à l’auteur pour régler les frais de justice.

La décision, qui devait être rendue en mai 2020, a été avancée au 29 mars.

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