Frais d’expédition

Jean-Louis Fabre, Jean-Paul Hirsch, Philippe Robinet et Sabine Wespieser ont bien mérité la reconnaissance de leurs pairs, qui vont économiser plusieurs dizaines de milliers d’euros grâce à eux. Le P-DG de L’Ecole des loisirs, le directeur commercial de P.O.L, le P-DG de Kero (maintenant également DG de Calmann-Lévy) et la fondatrice de Sabine Wespieser éditeur se sont montrés assez déterminés pour obtenir de La Poste un retour à des conditions tarifaires acceptables pour l’expédition des services de presse (SP). Depuis le 1er mars, le tarif Frequenceo éditeurs est proposé pour l’envoi des livres gratuits à un prix forfaitaire allant de 3,60 à 5,30 euros, en fonction du poids moyen calculé par La Poste. Cette échelle de tarifs se situe entre ceux de la lettre prioritaire et de la lettre verte appliqués aux particuliers.

Solutions alternatives

"Nous avons démarré à 3,60 euros par colis, correspondant à un poids maximum de 350 grammes, que La Poste vient de réviser à 4,30 euros correspondant à un poids moyen situé entre 500 grammes et 1 kilo, explique Jean-Paul Hirsch. C’était 9,86 euros avec le système Colissimo que La Poste voulait nous imposer depuis le 1er janvier 2015.""C’était un peu cher pour des livres gratuits", reconnaît une des responsables des clients entreprises de La Poste, qui a donc fini par étendre aux livres cette offre Frequenceo auparavant réservée aux seuls "documents".

Entre-temps, les éditeurs avaient cherché des solutions alternatives au Colissimo qui, au minimum, doublait leurs frais d’expédition par rapport à la situation antérieure. "Nous passions par un prestataire de courrier, mais c’était de toute façon plus coûteux et plus compliqué qu’avant", témoigne Laure Leroy, présidente de Zulma, qui envoie environ 800 SP pour chaque nouveauté de la rentrée littéraire, et 150 pour les rééditions en poche. A raison d’une vingtaine de nouveautés annuelles, le budget dépasse les 40 000 euros, un poste de frais généraux considérable pour les petites maisons d’édition. Il l’est aussi pour les plus grandes, mais celles-ci négocient directement leurs conditions commerciales avec La Poste.

Frequenceo éditeurs s’appuie sur le système d’affranchissement en port payé proposé par contrat aux entreprises afin de leur éviter de peser elles-mêmes leurs centaines de lettres et paquets. "Sur une feuille Excel, on saisit la date d’envoi, le nombre de plis, le tarif, on l’imprime et on le joint au dépôt de livres que nous effectuons ; et sur les enveloppes, nous collons l’étiquette "Frequenceo éditeurs" et notre numéro de contrat", détaille Marie Garnero, assistante administrative de Sabine Wespieser. La Poste oblitère ces paquets et les pèse, pour calculer le poids moyen et adapter le forfait si nécessaire. Le délai d’expédition est à J+2, mais sans engagement, et l’offre s’applique à tous les colis de moins de 3 kilos. Les plis de moins de 3 centimètres d’épaisseur peuvent encore passer au tarif lettre, moins cher, bénéficiant de la tolérance que La Poste a supprimée pour les colis plus gros, au grand regret des éditeurs.

Négociateurs tenaces

L’obtention de cette solution simple, qui satisfait ceux qui l’utilisent déjà, a exigé près d’un an de discussions menées par les quatre négociateurs tenaces, soutenus par quelques articles de presse, y compris dans Livres Hebdo (1). Il a fallu aussi la mobilisation du Syndicat national de l’édition, puis du Centre national du livre et du Service du livre du ministère de la Culture, lequel a relayé l’affaire auprès de celui de l’Economie et de l’Industrie, dont La Poste dépend. "On nous avait d’abord proposé un système plein de complications administratives très irritantes, qui ont été supprimées", se félicite Jean-Paul Hirsch. Les renseignements sont à demander au service entreprises des centres d’expédition de La Poste. Mais ce forfait ne concerne pas les librairies pour leurs ventes par correspondance, qui peuvent pourtant être importantes pour celles qui disposent d’un site Internet.

(1) Voir LH 1031, du 27.2.2015, p. 24.

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