Ainsi il y aurait une surproduction de livres. Une offre trop forte par rapport à ce que le marché pourrait absorber. Les éditeurs y auraient une forte responsabilité. Mais faut-il vraiment se plaindre de l'abondance de l'offre ? Faut-il se plaindre que chacun puisse trouver des publications correspondant à ses goûts, ses valeurs, ses envies, ses aptitudes ? Faut-il regretter le dynamisme de secteurs tels que la Jeunesse ou la BD, respectivement 12 000 et 5 000 nouveautés par an ? Faut-il pousser les auteurs vers l'autoédition faute de trouver un éditeur, quitte à donner plus de poids encore aux GAFAs ?

Les œuvres et les lieux de création se démultiplient sur les écrans. Et si l'on s'en inspirait pour le livre ? quelques pistes pour débattre et agir :

Les livres sont moins présents en hypermarchés et supermarchés ? et si l'on encourageait l'ouverture de magasins éphémères dans les centres commerciaux pour toucher ceux qui n'entrent pas en librairie ? Les lecteurs lisent moins de romans ? et si on leur mettait davantage de bandes dessinées devant le nez en librairie ?

Les mangas se vendent comme des petits pains aux adolescents et jeunes adultes ? et si on s'en inspirait pour modifier le rythme de parution et le format d'autres productions ?

Les adolescents et les adultes jouent plus aux jeux vidéo, regardent d'avantage de séries télés ? et si l'on s'inspirait des méthodes de ces univers en encourageant les productions collectives ambitieuses, avec un temps raccourci entre deux parutions ?

Les enfants ne lisent pas assez et pas assez bien ? et si on les encourageait à l'école à lire des BD dès le primaire ? et si on accentuait l'intervention d'auteurs dans les écoles pour renforcer le lien aux œuvres ?

Les médias et les livres valorisent trop souvent les mêmes auteurs ? et si l'on instaurait annuellement la semaine des nouveaux auteurs ?

Il y a sûrement d'autres pistes pour aller chercher les lecteurs là où ils sont, les surprendre, les captiver. Amis auteurs, libraires, éditeurs, plutôt que de se poser la question insoluble d'une régulation de l'offre quand certaines industries culturelles se déploient sans limites, soyons force de propositions pour offrir aux livres, dont nos sociétés ont tant besoin, toute la place qu'ils méritent.