11 octobre > roman Suède > Elisabeth Asbrink

Dans les livres d’histoire, la Seconde Guerre mondiale s’achève en 1945, mais que se passe-t-il deux ans plus tard ? A quoi le monde ressemble-t-il ? Quelles sont les répercussions des événements de l’année 1947 sur la situation actuelle ? La reporter suédoise Elisabeth Asbrink avait secoué son pays en révélant les liens obscurs entre le fondateur d’Ikea et des groupuscules nazis. Cette fois, elle choisit la forme romanesque pour "réunir ce tout éclaté qu’est l’année 1947. Une entreprise folle…"

Pourquoi ce moment précis ? Parce que 1947 incarne "un temps de tous les possibles, puisque tout était déjà arrivé. Le monde se relève du gras terreau des cendres humaines." A-t-il changé de visage ? "Plus jamais. Des mots qu’on répète, aussi récurrents que les franges bordant un châle de prière." Pourtant, il y a déjà des nostalgiques du nazisme, qui ne songent qu’à ériger un nouvel empire. "Ils sont là, sous la surface, prêts à se lever." L’Europe est à terre, mais elle espère cependant prospérer bientôt. La reconstruction passe par une réalité économique et par plusieurs remises en question. "L’objectif est de dénazifier, démilitariser, décentraliser et démocratiser l’Allemagne. Il faut punir les crimes. Guérir les plaies." Pour cela, on se bat pour faire reconnaître les crimes contre l’humanité ou les droits de l’homme. La journaliste retrace cette année 1947 sous tous les cieux. Mois après mois, elle explore la guerre froide, la partition des Indes, les prémices des Frères musulmans ou la future création de l’Etat d’Israël. Une multitude d’informations assemblées en notices concernant les quatre coins de la planète. "Comme si l’Histoire pouvait faire des bonds, alors qu’elle est si lente et paresseuse."

Dans ce puzzle géant, plusieurs vies s’entrecroisent. Certaines sont liées aux événements géopolitiques, d’autres sont centrées sur le monde artistique. Alors que Dior, Billie Holiday ou George Orwell s’accrochent à leur rêve, Simone de Beauvoir vit le sien en rencontrant Nelson Algren. "L’amour me fait peur", lui avoue-t-elle. La question du choix se trouve justement au cœur de ce roman vertigineux, qui rappelle que l’humanité n’a rien appris du passé. "Il faut protéger la beauté du monde contre sa propre laideur." K. E.

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