Portrait

Laurent Guillaume, «Un coin de ciel brûlait» (Michel Lafon) : L'Afrique, la vraie

Laurent Guillaume - Photo © Mathieu Bourgois

Laurent Guillaume, «Un coin de ciel brûlait» (Michel Lafon) : L'Afrique, la vraie

Laurent Guillaume, ancien flic désormais consultant pour les services de sécurité en Afrique de l'Ouest, est passé du polar hard-boiled au thriller géopolitique. Et s'impose comme une valeur sûre. Tirage à 10000 exemplaires.

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Par Elise Lépine
Créé le 06.07.2021 à 08h04

« J'étais un flic dur », dit Laurent Guillaume. Dans les salons consacrés au polar, on le voit de loin, avec sa coupe en brosse, ses pantalons de treillis et cette étonnante masse de muscles, qui renvoie ses copains écrivains au rang de brindilles. Pendant vingt ans, il a roulé sa bosse entre la BAC du Val-de-Marne, les stups, les mœurs, la brigade des mineurs... « L'écriture m'a permis de dominer ce truc teigneux que j'ai au fond de moi, mais qui n'est pas moi », précise-t-il en tenant entre ses doigts l'un des barreaux de chaise qui font sa marque de fabrique. En 2009, à 42 ans, il publie son premier roman, Mako, une histoire de « flic dur » à peine inventée. Le roman, publié aux Nouveaux Auteurs, se vend à 15 000 exemplaires. Deux autres tomes de la série « Mako » suivent : « J'ai vidé mes poubelles. » L'abcès de la violence crevé, il prend ses distances avec l'univers policier. Le polar « le gonfle », il s'est calmé. Son truc, c'est la géopolitique, la marche du monde et surtout de l'Afrique, qu'il connaît par cœur. Il déteste le terme pompeux d'« expert », mais c'est pourtant ce qu'il est : en 2007, il part pour quatre ans au Mali dans le cadre de la DCI, la direction de la coopération internationale, où il conseille le directeur de la police locale dans des affaires de stupéfiants. S'il dit adieu à sa carrière de flic en 2012, l'Afrique, elle, ne le quitte plus : « Je fais partie de ceux qui ne peuvent pas rester longtemps loin d'elle. »

En 2015, Laurent Guillaume est devenu expert international au sein de la DCI. Consultant indépendant, il a pour mission de former les services de sécurité d'Afrique de l'Ouest, « services secrets, police, renseignement, douane, services de lutte contre le crime organisé, terroriste ou de droit commun ». Les romans qu'il publie sont le fruit de ces plongées dans la vie criminelle du continent africain, de Doux comme la mort (2011), consacré au djihadisme, à Black cocaïne (2013), sur son expérience dans l'affaire « Air cocaïne ». Son dernier roman, Un coin de ciel brûlait, un thriller géopolitique impossible à lâcher, raconte la guerre du diamant en Sierra Leone. Il ne faut pas lui parler de Blood Diamond, le film d'Edward Zwick, qui l'a ulcéré : « On y voit juste des Noirs se massacrer pendant deux heures, cultivant l'idée que ce sont des sauvages. La réalité, c'est que dans les zones les plus riches de l'Afrique, des groupes criminels internationaux s'implantent et génèrent le chaos. » Au moment où il nous parle, Laurent Guillaume rentre de Gambie et s'apprête à filer au Cameroun. Son regard et sa plume ont séduit le monde de la télévision : il travaille sur trois projets de séries, dont une avec Alex Berger et Éric Rochant, producteurs du Bureau des légendes. Le colosse aux yeux de velours gémit en rigolant : « Je n'ai pas eu de week-end depuis des mois. Quand je ne suis pas en Afrique, je suis en réunion sur Zoom ». La rançon du talent.

Laurent Guillaume
Un coin de ciel brûlait
Michel Lafon
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 18,95 € ; 496 p.
ISBN: 9782749947099

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