20 août > Premier roman France

Derrière son titre en forme de clin d’œil, par ailleurs justifié puisque, le livre lu, le narrateur, en effet, nous paraît un "jeune homme prometteur" mais surtout un authentique écrivain, ce premier roman de Gautier Battistella est assez exceptionnel.

Pour la trame, c’est une vaste quête identitaire menée par le narrateur, orphelin recueilli, après des années de galère et d’abandons successifs, avec Jeff, son frère aîné, par Mémé, une brave femme de Labat (Pyrénées), où "tout est calme et tout est sauvage", comme dit la chanson. Elle a bien eu quelques ennuis après la guerre, pour cause de complaisance envers le beau Werner, soldat de la Wehrmacht, mais il y a prescription ! Dans le village, on trouve aussi madame Petrovna, une ancienne duchesse russe, poétesse et sorcière. Elle fait peur au héros, mais lui ouvre le plus précieux des coffres au trésor : sa bibliothèque. Son premier livre : les Nouvelles orientales de Yourcenar. Il y a encore le docteur Blandin, un bien brave homme, doté, lui aussi, d’une bibliothèque (où l’on trouve même Ebauche de Klaus Muren, une espèce de Salinger français), mais surtout d’une fille, Marie, aussi belle que peu farouche, laquelle sera son premier amour et sa dépuceleuse. Jusqu’à ce qu’un certain Aurélien Courtois, l’année du bac, vienne la lui enlever, irrésistible centaure moderne, casqué sur son scooter.

Le narrateur, lui, monte à Paris, devient journaliste, et va vivre un tourbillon d’aventures qui le mèneront jusqu’à Bangkok, où il fait la connaissance d’un écrivain aussi destroy qu’énigmatique, Philippe Grêle, ancien prix Goncourt, qu’il finira par persuader de rentrer à Paris pour reprendre sa place dans le milieu littéraire. Aux côtés de Carla Losse et de Nicolas Maxence, auteurs à succès croisés dans des circonstances troubles.

Car, alors que Jeff, perdu de vue, semble ne pas faire grand-chose de sa vie, le héros se rêve en écrivain et commence même un roman, par pure passion pour la littérature, et aussi pour exorciser ses démons.

Gautier Battistella a construit son gros roman avec une belle maîtrise, une impressionnante virtuosité. Chaque page y brûle d’un amour sincère de la chose écrite, depuis que, sans doute comme son héros-narrateur, il a découvert son premier livre. J.-C. P.

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