29 août > Premier roman France > Amélie Cordonnier

Comment un homme apparemment équilibré, compagnon amoureux et père dévoué, peut-il se transformer en agresseur? Comment un garçon qu’on a jugé la première fois "galant, brillant, précoce", puis trouvé "sexy, intéressant, différent", "[e]xotique", en le découvrant expert en fourneaux, peut-il se métamorphoser subitement en un individu toxique que pourtant on ne parvient pas à quitter… Le premier roman de la journaliste Amélie Cordonnier aborde de façon frontale et incisive ce paradoxe infernal, en s’attachant à l’une des facettes de la violence conjugale, la verbale, celle qui ne fait que des bleus à l’intérieur. Quand les mots valent coups.

C’est l’insultée, lucide, plutôt armée et résistante aux chocs, qui raconte en usant du tutoiement comme si elle décrivait une autre femme, une étrangère, et relativisant souvent sa situation, le basculement soudain de ce couple idéal, de cette petite famille parfaite, dans une violence domestique sourdement destructrice. La première fois, aux premières insultes, elle a fait une dépression. L’a quitté. Il s’est excusé, a consulté, a juré, promis, et elle est revenue après plusieurs mois de séparation. Mais sept ans plus tard, ça recommence. La récidive: "Sa main ne se lève pas, mais de sa bouche les torgnoles tombent. Et c’est une claque au cœur, chaque fois." A nouveau, les accès intempestifs, incontrôlables, sous le regard et les questions des deux enfants. Le qui-vive permanent. A nouveau, la honte et l’indécision, la honte d’être indécise. De ne pas savoir Trancher. Alors tout en compilant les mots qui blessent, elle déclenche un compte à rebours. Elle va se donner seize jours, seize jours avant la date anniversaire de ses 40 ans, pour résoudre ce dilemme: rester ou partir. Sachant que "rester n’empêche pas de partir". Et que l’inverse est vrai, aussi bien: partir n’empêche pas de rester. Véronique Rossignol

22.06 2018

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