7 MAI - ROMAN Finlande

Le jeune Tuomas Kyrö, né en 1974, qui est aussi journaliste et dramaturge, n'est pas Finlandais pour rien : il n'a pas froid aux yeux. Aussi a-t-il osé se lancer dans une périlleuse aventure, bâtir un roman qui reprenne le principe du Lièvre de Vatanen, le best-seller mondial de Paasilinna. Un homme que la société a marginalisé rencontre un animal traqué à qui il sauve la vie. Et les deux compagnons vont vivre des aventures épiques et émouvantes. D'autre part, derrière l'histoire, le propos se voulait aussi une critique du monde contemporain.

Kyrö, tout en multipliant les clins d'oeil à Paasilinna - ne serait-ce que le nom de son héros, Vatanescu -, a tout transposé : le lièvre est devenu un lapin, et l'homme un émigré roumain SDF, exploité par un trafiquant de chair humaine, le mafieux russe Iegor Kugar. Vatanescu s'est lancé sur les routes, parvenant par hasard jusqu'en Finlande, par lassitude de la misère qu'il subissait dans son pays, et pour pouvoir offrir un jour une paire de chaussures à crampons à son fils Miklos, passionné de foot. Il y parviendra, on s'en doute, mais après combien d'avanies, souffrances et humiliations.

Il vivra aussi de bons moments, bien sûr, comme dans ce train qui les ramenait de Laponie à Helsinki, son lapin et lui. Ils y font la connaissance d'une Finlandaise, une prestidigitatrice douée mais pauvre, en butte à l'esprit conventionnel de ses compatriotes. Coup de foudre immédiat et réciproque. Vatanescu servira de partenaire, et le lapin sortira volontiers du chapeau magique, assurant ainsi au couple succès et argent.

Mais Kyrö n'a pas voulu écrire un remake ni un pastiche. Son "lapin de Vatanescu" a son originalité par rapport au Lièvre de Vatanen : plus grinçant, plus satirique, plus polémique. Dans la dernière partie, Vatanescu, devenu un héros, se voit recruté par le président de la République, démagogue redoutable qui a construit sa carrière à la tête d'un parti populiste, afin de faire rêver le pays, de lui apporter un nouvel élan... Aussi surréaliste soit-elle, la fiction ne dépasse pas forcément la réalité.

On souhaite à Kyrö une destinée littéraire aussi brillante que celle de Paasilinna. Il en a manifestement le talent.

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