En 1986, la parution du Bateau sur la montagne au Seuil était passée inaperçue. Son auteur, Kostan Zarian (1885-1969), méritait pourtant qu'on s'y attarde. Cet écrivain baroudeur a sillonné l'Europe, a enseigné aux Etats-Unis et noué des liens avec Lénine, Trotski, Céline, Durrell et Unamuno. Mais surtout, il est l'auteur de ce chef-d'oeuvre dans lequel s'exprime si bien l'âme arménienne.
Jean-Jacques Avédissian, le patron de Thaddée, a souhaité représenter l'ouvrage dans une forme différente : nouvelle couverture plus attractive, biographie de l'auteur, chronologie et cartes. Il fallait bien cela pour aider le lecteur à entrer dans ce monde lointain, deux ans après le génocide, un an après la révolution d'Octobre 1917, à un moment où tout semble encore possible pour cette nation enclavée.
Le capitaine Ara Hérian, marin exemplaire et héros de ce voyage aussi héroïque que mystique, veut aider cette jeune république arménienne indépendante. Il quitte le port de Batoum, sur la mer Noire, pour Erevan. Mais ce n'est pas sur l'océan mais sur un lac de montagne qu'il livrera son combat.
"L'existence est bizarre. On vit comme si tout était éternel, comme si la mort était une illusion. On vit sans croire à ces forces qui, comme des vents venus des quatre points cardinaux, se réuniraient dans un coin du ciel pour former cet ouragan aveugle et monstrueux qui se jette à l'assaut des continents paisibles."
Ce grand roman historique, riche de personnages et de situations, est traversé par un souffle épique. Tel un Malraux arménien, Zarian élève son aventure au niveau du mythe et transforme des vies en destins. Cela valait bien une seconde chance.

