Le marché du livre numérique en voie de globalisation

Le marché du livre numérique en voie de globalisation

Publishers Launch organisait la première des deux pré-journées d'ouverture qui précèdent désormais la foire de Francfort, consacrées aux analyses et aux échanges d'expérience sur le marché du livre numérique.

Par Hervé Hugueny
avec hh, de francfort Créé le 15.04.2015 à 22h43

Une bonne centaine de personnes environ ont assisté à cette conférence qui se proposait d'embrasser "Le monde du commerce numérique en une journée", dans une des salles jouxtant les halls où s'activaient les constructeurs de stand, à 48 heures de l'ouverture de la foire de Francfort.

Les organisateurs, Michael Cader, fondateur de la lettre Publishers Lunch, et Mike Shatzkin, créateur de la société de conseil The idea logical Company, avaient bâti leur programme autour d'une vingtaine d'intervenants, répartis en deux catégories :
- ceux qui apportaient une analyse des marchés existants, américain et britannique, les plus avancés et donc supposés montrer ce qui devrait survenir ailleurs,
- et des éditeurs du monde entier cette fois, présentant une expérience susceptible d'être reproduite dans d'autres pays. "Nous avons cherché des éditeurs qui ne se contentent plus de leur marché national, mais ont déjà cherché à se développer au-delà, car le commerce numérique se globalise très vite" explique Michael Cader. C'est notamment la démarche entreprise par l'éditeur allemand Bastei Lübbe, qui publie des thrillers en feuilletons, et les traduit directement en anglais, et en mandarin, les deux bassins linguistiques les plus importants dans le monde, ou encore RCS Libri, qui commence aussi à publier certains ebook directement en anglais.

Comme presque toujours dans ce type de colloque, il n'y avait pas de Français, ce qui est révélateur d'une chaîne du livre prudente, qui n'entend pas entrer dans le numérique au rythme dicté par les grands groupes des nouvelles technologies. Le rôle et les intérêts des "cinq grands" (Amazon, Apple, Facebook, Google, Microsoft) étaient précisément l'objet de la première intervention, du consultant Benedict Evans, de la société Enders Analysis.

Le livre n'est qu'un élément de leur stratégie, focalisée sur la vente de matériel (Apple, Microsoft), de publicité (Facebook, Google), ou de tout (Amazon), mais c'est un contenu dont ils s'emparent progressivement, notamment dans la façon de faire découvrir des livres, alors que le rôle des libraires en la matière recule. L'efficacité d'Amazon se distingue particulièrement, surtout auprès des clients qui ont acheté un Kindle, comme le montrent les études de Peter Hildick-Smith, fondateur de la société spécialisée Codex group. Noah Genner (BookNet Canada) a quant à lui présenté l'outil d'étude des consommateurs de livres au Canada, synthétisant papier et numérique.

Dominique Raccah (Sourcebooks) a expliqué comment elle réinvestissait le marché des classiques, dominé par le gratuit, via les éditions enrichies de son programme "Shakesperience", Rick Joyce (Perseus Book Group) a exposé comment il avait commencé à surveiller l'énorme masse de commentaires circulant sur es réseaux sociaux, pour pousser la promotion des titres dont il a la distribution, Anthony Forbes Watson (Pan Macmillan) a évoqué les investissements et la nouvelle organisation de son groupe, qui lui donnent une part de marché numérique supérieure à celle dont il dispose dans le papier et Ken Michaels (Hachette Book Group) a détaillé les services de distribution "dans le nuage" que la branche américaine d'Hachette propose maintenant aux éditeurs. En toute fin de journée, Charlie Redmayne s'est assuré un certain succès, en étant présenté comme le seul éditeur numérique à avoir fait d'Amazon un affilié, et non le contraire. Mais c'est le patron de la plateforme Pottermore, dédiée à Harry Potter.

15.04 2015

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