Elle est l'unique librairie franco-allemande de la capitale. Ouverte en novembre 2023 à l'initiative de Sophie Semin-Handke, Le neuvième pays, nom inspiré d'un recueil de contes slovène du XIXe siècle, s'est taillé une place rue Bonaparte, dans le VIe arrondissement de Paris, entre les bouquinistes et les aficionados de livres anciens. Mais pour s'ancrer durablement là où ses homologues germanophones ont échoué, Le neuvième pays a fait le pari de l'hybridité. Véritable sanctuaire de la « littérature mondiale en français et en allemand », l'enseigne habille méticuleusement ses étagères, veillant à ce que les auteurs dont les mots ont traversé les siècles comme les frontières aient la part belle.
6 000 joyaux littéraires, dont un tiers en allemand
Son poumon central, un îlot de bois conçu par l'architecte Jean Nouvel, fait d'ailleurs audacieusement cohabiter poèmes romantiques, plumes persanes, prosateurs italiens, art linéaire, ou encore traités de spiritualité chinoise. Car la librairie ne se contente pas de mettre en valeur son fonds : elle l'incarne. Outre ses quelque 6 000 joyaux littéraires - dont un tiers ne se déchiffre que dans la langue de Goethe - l'enseigne se fait également le témoin de l'histoire, perpétuant le souvenir de Geneviève de Gaulle, résistante française arrêtée entre ses murs dans les années 1940. Et pour faire à nouveau entrer la lumière, la librairie s'emploie à réhabiliter les voix méconnues (voire oubliées) à travers celles de contemporains tels que Paul Nizon, Yasmina Reza, Louis Garrel ou encore Andrea Schieffer, lors de lectures dédiées.