Le patrimoine est à la lecture ce que l'or est au marché financier : une valeur refuge. La résurgence du thème du patrimoine dans les politiques de lecture, les formations et discours des professionnels indique plus un malaise quant à la lecture qu'une priorité qui s'impose. Les acteurs du livre sont déstabilisés (on peut le comprendre) par les évolutions sociologiques et technologiques qui remettent en question tant leur rôle de prescripteur que les fondements de leur légitimité. Ils sont comme les acteurs de la bourse en temps de crise financière à la recherche d'un support fiable pour leurs investissements. Le passé a le mérite d'exister et on assoit la légitimité de l'action publique sur lui. Pendant ce temps, le présent s'écoule et l'avenir patiente... Bien sûr, il faut conserver des traces de notre histoire mais ne prend-on pas en charge les documents anciens à défaut de s'intéresser aux lecteurs d'aujourd'hui ? Qui sont ces lecteurs ? Qu'est-ce que cette pratique pour eux ? Les écrans entrent-ils dans les pratiques de lecture ? Quelles lectures promouvoir ? De quelles manières ? Et demain : que sera la lecture ? Quel en sera le support ? La tentation du patrimoine s'observe en bien des lieux du monde des livres. Certains y résistent en se tournant vers l'avenir au risque de l'illusion techniciste, d'autres en valorisant une littérature sans lecteurs. Il y a décidément tant à faire qu'on risque d'oublier le lecteur réel caché dans les plis du présent !
15.10 2013

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