Francfort 2014

Le pavé de Richard Charkin dans la mare de Francfort

Richard Charkin ouvrant le 28e séminaire international des responsables de droits, mardi 7 octobre 2014 à Francfort - Photo F.Piault/LH

Le pavé de Richard Charkin dans la mare de Francfort

Dans son allocution inaugurale du 28e séminaire international des responsables de droits, la veille de l’ouverture de la Foire de Francfort, le P-DG de Bloomsbury a incité les éditeurs non anglophones à traduire directement leurs livres en anglais et à cesser d’essayer d'en vendre les droits.

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Par Fabrice Piault, Francfort
Créé le 07.10.2014 à 18h39

Dressant un tableau très noir de l’évolution de la gestion des droits d’auteur au niveau mondial, le P-DG de la maison d’édition britannique Bloomsbury, Richard Charkin, a cueilli à froid, mardi 7 octobre 2014, les quelques 200 responsables de droits et agents réunis pour leur 28e séminaire international à la veille de l’ouverture de la Foire du livre de Francfort consacré à “l’avenir des droits dans un monde de contenus globalisés”, et singulièrement aux marchés hispanophones.
 
“Les revenus des droits sont vitaux pour les auteurs et les éditeurs”, a reconnu l’éditeur d’Harry Potter - qui sera en janvier 2015 président de l'Union internationale des Editeurs -  en citant les traductions, les coéditions, les productions audio, le cinéma, la télévision, les agrégateurs numériques, ou encore les nouvelles éditions. Mais “le marché anglophone est scandaleusement surchargé par l’autoédition, la disponibilité permanente des œuvres, les programmes de réédition du fonds alors qu’il y a de moins en moins de détaillants proposant de moins en moins de titres et que les prix stagnent ou baissent”.
 
En outre, constate Richard Charkin, “les limites territoriales sont grignotées : les commerçants en ligne tout comme les gouvernements en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Singapour ou aux Etats-Unis ainsi que les nouveaux entrepreneurs ne respectent pas les droits exclusifs des éditeurs”. Ainsi, poursuit-il, “vendre des droits pour l’anglais devient plus difficile, les partager suivant différents territoires est probablement intenable, les revenus des traductions en anglais pour les éditeurs non-anglophones vont progressivement décliner comme les revenus et la visibilité des auteurs”.
 
Dès lors selon le P-DG de Bloomsbury, il faut tenter d’“acheter tous les droits” d’un livre donné, “restreindre leur dilution par les agents littéraires” ou encore rechercher “de nouvelles sources de revenus comme les agrégateurs, les grossistes numériques et les nouveaux médias”. Mais “si j’étais un éditeur non-anglophone”, précise non sans esprit de provocation Richard Charkin, “j’arrêterais d’essayer de vendre des droits de traduction en anglais, j’offrirais à tous les auteurs importants une édition en anglais, je payerais la traduction et publierais le livre moi-même à travers le monde, et j’utiliserais la traduction anglaise pour aider à vendre des droits dans d’autres langues”.
 
Les échanges du séminaire se sont néanmoins poursuivis par des présentations détaillées des marchés du livre mexicain, colombien et argentin ; des analyses sur l’évolution des droits en Amérique latine ou encore sur l’avenir de l’édition hispanophone au Mexique et aux Etats-Unis et sur les stratégies commerciales gagnantes sur les marchés latino-américains.

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