2 janvier > roman Grande-Bretagne

Les lecteurs d’Howard Jacobson risquent d’être passablement désarçonnés par son nouveau roman, J, finaliste l’an passé du Man Booker Prize. Une récompense que l’Anglais avait empochée quelques années plus tôt pour La question Finkler (Calmann-Lévy, 2011, repris au Livre de poche).

Howard Jacobson délaisse ici le registre mordant qui faisait également tout le sel de La grande ménagerie (Calmann-Lévy, 2014). Le Mancunien a décidé de nous précipiter dans un monde post-apocalyptique où il n’y a plus de place pour l’improvisation. Un monde où l’on utilise un "utiliphone" ou un "utilithèque". Un monde hanté par "CE QUI S’EST PRODUIT, SI ÇA C’EST PRODUIT".

L’action se déroule à Port-Reuben, au bord de la mer, avec ses falaises et ses mouettes. On y fera d’abord connaissance avec Ailinn Solomons. Celle-ci est une enfant adoptée de 25 ans qui dit avoir été élevée "par une odeur", n’aime pas ses pieds, mène une vie aventureuse et n’a jamais entendu parler du jazz. La demoiselle, qui "chuinte les "-qu" quand il est question de sexe", a une histoire avec Kervern Cohen, dit Coco, tourneur et sculpteur sur bois. Un garçon solitaire qui cherche à être drôle, ce qui lui vaut des ennuis, et à qui tout fait peur.

Autour d’eux, on note la présence de Densdell Kroptik, le barbier local qui rase parfois gratis. D’Edward Everett Phineas Zemansky, peintre et professeur "d’Arts visuels bénins". Ou d’Ez, femme d’un certain âge tiraillée par son angoisse et sa soif d’amour, qu’Ailinn a connue dans un groupe de lecture… A l’instar d’un George Orwell ou d’un Aldous Huxley, Howard Jacobson s’essaye à l’anticipation. Le résultat séduira ou laissera de marbre, suivant que l’on se laisse ou non prendre par l’univers bâti par le romancier. Al. F.

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