Après le n’importe quoi des journalistes qui meublent à tout va, faute d’informations précises (un jour : «  La femme de chambre a été filmée en état de choc à la sortie de la chambre  » ; le lendemain : «  Il n’y a pas de caméras de surveillance dans les couloirs de l’hôtel  »…)  ou répandent sans vergogne des informations totalement fausses («  Les proches de DSK ont essayé d’approcher la famille de la plaignante, en Afrique, en leur proposant une somme à sept chiffres, pour qu’elle retire sa plainte  », or il n’y a jamais eu de plainte, donc il est difficile de la retirer…), après les commentaires des politiques, après des tribunes intellectuelles (le psychanalyste Serge Hefez, l’incontournable BHL…), voici que les romanciers s’attaquent à l’affaire. Marc Weitzmann dans le Monde de ce mercredi. Et surtout, hier, Christine Angot, qui a ouvert le feu avec sans doute en ligne de mire l’ambition de remporter le « Prix de la Vologne », laurier imaginaire mais dont Marguerite Duras reste jusqu’à ce jour la seule détentrice, pour son sublime «  Sublime, forcément sublime  », publié voici plus d’un quart de siècle dans Libération à propos de l’affaire Grégory.   Et c’est bien sûr dans le même journal que Christine Angot s’est livrée à l’exercice, intitulé «  Le problème de DSK avec nous  » et où la formule qui voulait sans doute concourir avec le « sublime » durassien devient ici : «  Il n’a pas eu la sexualité d’un chef  ». Ceux qui l’on lu savent de quoi je parle, et aux autres, je leur fais grâce d’un résumé. Comparaison n’est pas raison, dit-on. La comparaison, en tout cas, n’est pas en faveur d’Angot : pour ce qui est du délire stratosphérique, Duras faisait mieux, et avec davantage de style. Quant à la raison, elle semble définitivement avoir déserté Angot. Du reste, le papier a suscité aussitôt un flot de commentaires (plus de 400, en fin de journée, sur le site du journal) qui allaient à peu près tous dans le même sens : «  DSK ne méritait pas ça !  », «  Faut arrêter la came, Christine !  », «  Change de dealer !  » ou encore ce jeu de mot à la Lacan : «  Mme Angot est une écrivaine qui écrit en vain  ».   *** Dans un tout autre registre, je voulais saluer un best-seller inconnu, et qui approche pourtant du cap des 150 000 exemplaires vendus selon son éditeur : il s’agit de l’ouvrage d’Hervé Lossec, Les Bretonnismes , paru en novembre dernier chez Skol Vreizh, et qui n’en finit pas de connaître une carrière commerciale aussi inattendue que profitable — mais il est vrai, assez localisée géographiquement. «  Le livre indispensable à qui veut comprendre le Français tel qu’on le parle en Bretagne  », résume le site 1001libraires.com, sur la fiche article de l’ouvrage. Hervé Lossec a fait un travail formidable : recenser toutes les expressions dont usent les bretons en français et qui s’inspirent directement de la langue bretonne. Ses bretonnismes (autrement dit des gallicismes, mais à l’envers, ou des anglicismes, dont l’anglais serait le breton) sont légion. Et le mot « bretonnisme », forgé par l’auteur, est lui-même devenu, en l’espace de six mois, d’usage courant en Bretagne. A tel point que la semaine dernière, Skol Vreizh a écrit aux directeurs des dictionnaires Larousse et Le Robert «  pour leur demander d’insérer le terme « bretonnisme » dans leurs prochaines éditions.  »

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