Depuis leur création en avril 2025, les éditions Mojenn, basées à Port-Louis, près de Lorient dans le Morbihan, se développent avec méthode et ambition. « On a énormément travaillé dans des marchés nocturnes l'été dernier, notamment au festival interceltique de Lorient », précise le fondateur Olivier Le Gall, lui-même écrivain et auteur de plusieurs livres.
La maison s’appuie notamment sur une correctrice free-lance, un comité de lecture réparti dans toute la France mais principalement autour de Lorient, et sur Léon Samoth, premier auteur édité et bras droit de la maison, qui l’accompagne dans le développement du catalogue et le suivi des auteurs.
Collection pour les dyslexiques
S’il reste écrivain, Olivier Le Gall a mis sa plume entre parenthèses pour se consacrer pleinement à son rôle d’éditeur. « Ma part auteur est un peu mise de côté pour l’instant pour mettre en avant d’autres personnes », reconnaît-il. Avant de poursuivre : « J’espère en 2026 rapporter quelques œuvres, mais aujourd’hui, je veux surtout faire grandir la maison et développer le catalogue. » Dans cette dynamique de développement, Mojenn ne se limite pas aux publications classiques et s’engage aussi pour rendre la lecture accessible.
La maison développe ainsi la collection DYS, dédiée aux lecteurs dyslexiques. « L'un de mes enfants est concerné par la dyslexie, il y a une touche personnelle là-dedans », confie l’éditeur. Les ouvrages respectent un cahier des charges open source établi par des associations : typographie adaptée, interlignage aéré et mise en page pensée pour faciliter la lecture.
« La police d’écriture qu’on utilise est plus fluide et facilite la lecture. Ça aide aussi des personnes avec des déficiences visuelles ou peu habituées à lire. » Et d’ajouter : « C’est important qu’une collection comme ça existe pour les enfants. Lorsqu’on grandit, qu’on devient adulte ou ado, on reste dyslexique. »
L’intelligence artificielle, un outil et non une fin
Si Olivier Le Gall privilégie avant tout le travail humain, il n’écarte pas pour autant l’usage raisonné de l'intelligence artificielle. « On l’a utilisée pour deux couvertures, simplement aujourd’hui on n’a pas encore le budget », reconnaît-il. L’éditeur assure toutefois « préférer toujours faire travailler les artistes », quitte à reporter une sortie si un auteur refuse l’usage de l’IA. « Je laisse le choix aux auteurs : si vraiment j’ai des problèmes de finance mais que l’auteur est contre l’IA, je ne l’utiliserai pas. »
Pour lui, l’intelligence artificielle peut servir ponctuellement, « en termes d’illustrations ou de communication », mais pas remplacer la création. « En termes d’écriture, on ne souhaite pas l’utiliser », précise-t-il. Fidèle à l’esprit artisanal de Mojenn, Olivier Le Gall poursuit son aventure éditoriale avec l’envie de conjuguer passion, accessibilité et respect du travail artistique, tout en faisant grandir un catalogue qui pourrait atteindre un rythme d'une à deux publications par trimestre dès 2026.
