3 mai > Premier roman France > Maude Mihami

Dans la famille Le Bossenec il y a le grand-père, Alfred-le-Vieux, que son petit-fils, Alfréd - avec un accent aigu qu’il déteste -, appelle son "vénérable papi". Ces deux-là s’entendent comme larrons, et l’aïeul initie à sa façon son petit-fils aux choses de la vie: la trouspignôle, par exemple, le tord-boyaux local, dont le tout Saint-Rouffiac, en pays gallo, abuse. On est en 1972, et les campagnes anti-alcooliques étaient encore balbutiantes. Le gamin, qui écrit en secret un dictionnaire du patois très imagé de son village, préfère passer du temps avec son papi qu’avec sa mère, Agnès, fainéante, teigneuse surtout quand elle a bu, même si elle est une cuisinière et une conductrice hors pair au volant de sa 404. De père, Alfréd n’a point: Rémi, quoique brave garçon, s’en est allé après avoir tenté, en vain, de faire renoncer sa femme à la bouteille. Mais à Saint-Rouffiac, tout le monde picole, les vieux surtout, tous des copains d’Alfred, et même Victoire, son béguin de toujours.

Une fois le milieu campé avec un sens évident du pittoresque, vient le déclic: pour célébrer dignement ses 10 ans, Alfréd a concocté une série de dix vœux, qu’il aimerait bien voir exaucés, comme rencontrer un authentique cow-boy, avoir un chien, voir la mer pour de vrai, passer une journée en tête-à-tête, harmonieuse, avec sa mère, ou caser celle-ci avec M. Ducos, le Gascon itinérant dans son camion-épicerie. Tout ne sera pas facile, on s’en doute.

Mais l’imagination débridée de Maude Mihami, sa créativité linguistique, la profonde gentillesse de ses personnages (même Agnès se rédimera) feront des merveilles, et tout s’achèvera en une "fête surprise" mémorable. C’est drôle, nostalgique des années 1970, et tendre comme du Pennac, en plus roots. J.-C. P.

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