Les auteurs cherchent leur place dans l'univers numérique

© Olivier Dion

Les auteurs cherchent leur place dans l'univers numérique

A l'initiative de la Société des gens de lettres, plusieurs écrivains ont débattu au Salon du livre des enjeux juridiques et commerciaux de leurs négociations avec les éditeurs.

Par Fanny Taillandier
avec ft Créé le 15.04.2015 à 21h00

A l'initiative de la Société des gens de lettres (SGDL) les auteurs ont débattu samedi 19 mars au Salon du livre, dans l'amphithéâtre du CNL, de « l'auteur et ses valeurs à l'ère du numérique » Quatre écrivains ont participé au débat animé par la journaliste Christine Ferniot. Dans un Salon occupé pour une bonne part par les stands d'e-books et d'édition en ligne, ils ont pu donner leur vision des bouleversements à l'oeuvre et des enjeux qu'ils portent en eux.

Enjeux juridiques, mais aussi commerciaux : tels sont pour les créateurs les deux pôles entre lesquels leur voix doit se faire entendre, pour tenter d'apporter une réponse à la double question qui est pour eux cruciale : celle de la protection de l'oeuvre et de la rémunération de l'auteur. Bien loin de l'idée reçue du créateur solitaire et hors du monde, c'est l'idée d'un nécessaire travail en équipe des écrivains que ces derniers ont mise en avant.
Pour Hervé Le Tellier, « les auteurs sont réunis en société, les éditeurs en syndicat. Les négociations se font donc entre les idées et le capital, » ce qui met les auteurs en danger. Gérard Mordillat souligne que l'accélération de la course à la compétitivité induite par la vente en ligne et l'internationalisation du marché est toute entière cristallisée dans la figure de l'agent littéraire, « moins interlocuteur juridique que représentant commercial international, ce qui ne marche pas vraiment. » L'initiative individuelle ne peut donc être la solution face à la logique ultralibérale.


Une discussion qui ne concerne pas que la littérature mais aussi les traducteurs et essayistes

Danièle Sallenave remarque quant à elle, que la numérisation, de l'édition jusqu'à la distribution, signifie la fin d'une collaboration longue et fructueuse, du correcteur au libraire, et que l'auteur est privé de ces traditionnels compagnons. Dans une atmosphère enjouée, c'est donc bien la peur de la solitude et de l'impuissance qui sourd néanmoins.
Jean-Claude Bologne, président de la SGDL, a conclu la discussion en rappelant que la question était loin de ne concerner que la littérature, et que les traducteurs et essayistes étaient tout aussi concernés. Pour cause : sous ses divers visages, l'auteur a toujours besoin de temps, et c'est ce dont il risque d'être privé. Il souhaite vivement une « intervention ferme » des pouvoirs publics dans les négociations (pour le moment suspendues faute d'accord) avec Apple et Amazon au sujet des droits numériques, seuls garants pour les auteurs de ce temps si précieux.
15.04 2015

Les dernières
actualités