27 août > roman France

Les lecteurs d’Yves Bichet doivent être prévenus. Son nouveau roman, L’été contraire, est pour le moins extravagant. Plantons-en d’abord le décor. Le Bosc est une bâtisse des années 1980 qui compte cinq étages en béton, maison de retraite sise sur les hauteurs de Vals-les-Bains, célèbre ville d’eau au passé glorieux. Parmi les pensionnaires des lieux, on trouve Clovis Barbanson. Un ancien officier parachutiste qui dort avec une arme de guerre sous son oreiller. Vignaud, lui, est en fauteuil roulant. Cet ex-employé de banque a été trois décennies durant conseiller de clientèle. N’oublions pas Jean-Denis de la Croix Duval, baron pétomane dont les neveux se disputent les biens. Ou encore Gigi Louvain, diabétique sous tutelle surnommée la Replète qui porte souvent une robe à fleurs et ne se sépare pas d’une poupée de chiffon qui sent le chat et la toile d’araignée.

Il nous faut également présenter Clémence Portalier, l’infirmière diplômée. Et Douss Blida, 22 ans et un mètre quatre-vingt-dix, un garçon au passé de rappeur et de monte-en-l’air équilibriste qui a récemment été embauché en intérim à la maison de retraite comme agent technique. Les choses démarrent en trombe quand une petite bande de fugueurs accompagnée par Clémence décide de partir en vadrouille, et plus précisément au casino. L’affaire tourne rapidement mal, tout le monde reprend le chemin du Bosc alors que l’infirmière se voit remerciée - et donc mise à la porte. Mais l’on n’arrête pas une équipe qui perd.

D’autant que Clovis Barbanson a une très grosse envie de faire usage de son Famas commando, et que la canicule s’installe. Partir, mais pour aller où ? Qu’importe puisque l’envie est là. Les fuyards embarquent à bord d’un 4 × 4 minable en laissant derrière eux le baron. Ils prennent la route en direction de Vienne, dans l’Isère, puis d’Auxerre. Les braquages ne leur font pas peur. Nos apprentis délinquants ne tardent pas à faire parler d’eux, à défrayer la chronique. A avoir la police aux trousses alors qu’ils roulent vers Paris.

L’auteur de L’homme qui marche (Mercure de France, 2014, à paraître chez Folio) ne laisse aucun répit au lecteur. Il flotte dans ses pages un étonnant mélange de fantaisie et de tristesse. Une envie de décoller, de toucher le ciel. Alexandre Fillon

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