9 MAI - ROMAN Portugal

Le domaine du temps, coup d'essai riche et complexe de João Tordo, n'était pas passé inaperçu lors de sa sortie en 2010 chez Actes Sud. Le Portugais, qui a pour traducteur Dominique Nédellec, à qui l'on doit les versions françaises des derniers livres d'António Lobo Antunes et de Gonçalo Tavares -, récidive avec Le bon hiver. Lorsque démarre le roman, le célèbre producteur de cinéma Don Metzger vient de monter au ciel. Au propre comme au figuré, puisqu'il a été hissé à bord de la nacelle d'un ballon après sa mort.

Metzger, qui appelle "Le Bon Hiver" l'été en Italie, le narrateur avait fait sa connaissance dans un restaurant de Budapest. Ecoutons le récit proposé par "un écrivain qui ne croit pas en la littérature, quand bien même il s'imagine, paradoxalement, que celle-ci finira par le venger". Agé d'une trentaine d'années, monsieur a été journaliste, correcteur, traducteur, créatif dans une agence de publicité. Il a rédigé des préfaces et des postfaces, des discours, "des menus-dégustations pour des restaurants et les paroles d'un pousseur de chansonnettes donnant dans le genre mariachi".

Ses trois romans ont été "raisonnablement ignorés". Il boit trop, s'est fracturé le tibia en tombant dans un escalier. A Budapest, il s'est greffé au trio formé par Vincenzo, Olivia et Nina. Le narrateur, qui interpelle le lecteur dans des notes de bas de page, a ensuite rejoint Sabaudia. Une ville de province sur la côte italienne qui fut un lieu de villégiature pour Pasolini et Moravia. Dans la propriété de Metzger, il lui a été impossible de ne pas remarquer Elsa Gorski, une brune actrice qui traîne sa beauté "comme un malade son virus" et a joué dans une adaptation de La faim de Hamsun...

Né à Lisbonne en 1975, João Tordo a été récompensé en 2009 par le prix Saramago. Etonnant et retors, Le bon hiver fait l'effet d'un labyrinthe où l'on va de surprise en surprise avec grand plaisir.

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