6 JUIN - ROMAN POLICIER Allemagne

Au départ, une famille berlinoise apparemment sans histoire, peu après la réunification de l'Allemagne. Markus Battin, qui travaille pour le gouvernement fédéral, et prépare son déménagement depuis Bonn, l'ancienne capitale. Sa femme, Anita, employée dans un hôpital. Et leur fille, Giulietta, 19 ans, danseuse classique qui rêve de devenir une étoile. Entre le père et la fille, une relation étroite, mais qui commence à devenir pesante pour la jeune fille, laquelle aimerait bien, par exemple, que Markus respecte sa vie privée, son intimité.

Ce Markus est un personnage un peu trouble, dont on apprend qu'il a quitté la RDA en 1975, il avait alors 29 ans, après avoir connu des problèmes avec la Stasi. En passant à l'Ouest, il a changé d'identité, abandonnant son nom, Loess, pour devenir Battin. Il est demeuré méfiant, soupçonneux. Aussi, quand Markus apprend que Giulietta a rencontré un garçon, qu'elle en semble amoureuse et que cela dure depuis plusieurs mois, son univers vacille. Il veut tout savoir, rencontrer l'élu. Un certain Damian, 23 ans, jeune, beau et star du tango. Contesté dans son pays pour sa pratique peu orthodoxe du noble art, il travaille à Berlin, interprétant un spectacle où il danse avec Nieves, sa partenaire et son ancienne petite amie. Le coup de foudre entre Damian et Giulietta ne fait pas que des heureux. Après un dîner chez les parents, Markus passe un soir à l'appartement de sa fille. Il y rencontre Damian, qui l'agresse, le ficelle et s'enfuit. C'est du moins ce que Markus racontera à la police et à sa famille. Folle de chagrin, Giulietta fugue et part sans prévenir pour Buenos Aires, à la recherche de Damian.

Le lecteur sent bien que cette histoire est bizarre, que chacun des personnages principaux dissimule des secrets, dont Damian a joué en quelque sorte le révélateur. Giulietta retrouvera-t-elle le danseur et découvrira-t-elle ses mystères ? Et qu'en est-il du passé communiste de Markus Loess ?

Là réside la clef de tout l'édifice complexe échafaudé par Wolfram Fleischhauer. Trois minutes avec la vérité est une grosse machine romanesque dans laquelle il faut se laisser emporter. C'est facile, car l'auteur, dont on avait déjà apprécié La ligne pourpre, son précédent roman traduit en français (JC Lattès, 2005), a du métier et du talent. La deuxième partie du livre, qui se passe à Buenos Aires, est éblouissante. Wolfram Fleischhauer, interprète polyglotte, est lui-même un danseur de tango passionné, fan du grand Astor Piazolla.

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