« Perdu » dans la forêt québécoise, au milieu des écureuils et des geais bleus, me voila « privé » de la presse papier française, et de ce réflexe addictif qui consiste a se jeter toujours sur les mêmes titres censés faire l’actualité culturelle. Mais, a chaque nouveau voyage, le sevrage devient de plus en plus facile. Cette fois, il fut même le bienvenu. Je crois que je ne me suis toujours pas remis d’avoir lu dans l’ Obs que Nicolas Baverez était une « star de la pensée » (sic), et il m’a paru urgent d’aller respirer ailleurs. Sur le web, évidemment, puisqu’aujourd’hui c’est la que tout se passe, le pire et le meilleur – et que ma cabane au Canada est connectée. Je me suis ainsi baladé dans l’univers foisonnant des blogs littéraires. Impossible de les dénombrer, tant ils sont précisément innombrables aujourd’hui. J’en ai parcouru des dizaines : passionnants ou insignifiants, amusants ou pontifiants, ennuyeux ou inventifs… ( * ) mais j’en suis ressorti avec la conviction (les mauvaises langues diront que je découvre l’eau chaude…) que la critique littéraire vivante se faisait maintenant ici, plutôt que dans les grands titres de la presse écrite, prisonnière d’un système qui a fait son temps. Ainsi, certains de ces blogs ont consacré plusieurs posts a la « rentrée littéraire 2008 », mais les romans mis en avant n’étaient jamais ceux auxquels la presse a consacré des pages parfois inutiles (par exemple, pas une ligne, dans ces blogs, sur le nouvel Angot…). De même, nos blogueurs littéraires se permettent-ils royalement des impasses sur les pseudos-événements éditoriaux : pas une ligne, non plus, sur le Houellebecq-Levy. En revanche, tous témoignent d’une curiosité réjouissante pour les auteurs de tous pays et de tous horizons, pour le travail des petits éditeurs, pour les littératures de genre... Ce qui froisse certaines âmes chagrines : Une blogueuse (la lettrine), qui participait au Forum de la SGDL des 20 et 21 octobre sur « L’Ecrivain dans la cité » note : « Une fois de plus, nous en avons pris pour notre grade, en raison de notre amateurisme, qui déplait aux professionnels ; et pourtant, nous sommes de plus en plus approchés par les éditeurs, mais de façon souvent très maladroite, parce qu’ils espèrent que nous ferons de la publicité pour leurs livres… » ( * ) une petite sélection express : serialecteur ; lily et ses livres ; buzz-litteraire ; insatiable lectrice ; passiondeslivres ; chez clarabel (tenu par une ancienne lectrice pour France Loisirs) ; cathulu ; doc, doc ! entrez ! (sous-titré « Y’a d’la vie au CDI » : excellent !) ; journal d’une lectrice ; les fanas des livres (toute la famille s’y met…) ; etc. *** P.S. qui renoue furtivement avec mon ex-blog sur les niou technologies : Il faut lire le compte-rendu édifiant de François Bon (sur son blog : http://tierslivre.net) du lancement de l’offre couplée Fnac-Reader de Sony. Le catalogue de ce lancement inclut son livre sur Bob Dylan, proposé en téléchargement a 18 euros. François Bon a eu l’idée d’aller voir : résultat il a perdu 18 euros. Le fichier reçu était « un monstre sans typo, avec des liens hypertextes en bleu… », etc. Mais François Bon, qui possédait déjà un reader Sony et ne tarit pas d’éloges dessus, précise : « qu’il ne faut pas jeter le Sony reader avec la plate-forme Fnac, conçue par un mastodonte épicier qui ne comprend rien au web. » Par ailleurs, il soulève un point intéressant : par tradition, un auteur reçoit toujours, a titre gratuit, un justificatif de toute nouvelle exploitation de son œuvre : réimpression, tirage poche, traduction, etc. Pourquoi ne reçoit-il pas pareillement les fichiers numériques destinés a la commercialisation ?
15.10 2013

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