6 mai > Récits France

Né Raymond-Théodore Barthelmess, le 3 mars 1904 à Paris, Henri Calet a laissé une œuvre dont on ne se lasse pas. Pour Christophe Fourvel, qui a suivi ses traces à Montevideo dans un beau récit paru à La Dragonne, il reste "l’écrivain des petits matins gris, des vies indécises et râpées, des mauvais comptes de l’âme". L’auteur des Grandes largeurs ("L’imaginaire") et de Peau d’ours ("L’imaginaire") a aussi été un des plus brillants piétons de Paris. Le volume que propose Le Dilettante rassemble des textes de 1949 qui ont d’abord vu le jour dans Réforme, Combat, Franc-Tireur ou encore le mensuel Caliban.

Chronologiquement, Huit quartiers de roture aurait dû paraître entre Le tout sur le tout et L’Italie à la paresseuse, comme l’explique Jean-Pierre Baril dans sa précieuse préface, mais est resté étrangement inédit. Ce dernier introduit parfaitement un "voyage dans le Paris populaire d’autrefois, au lendemain de la guerre, une vingtaine d’années avant la destruction de l’Est parisien, du passage Julien-Lacroix et de la rue Vilin, et de tant d’autres lieux aujourd’hui disparus, dont il ne reste rien". Henri Calet a entrepris de se concentrer sur deux arrondissements de la Capitale, le 19e et le 20e. Il explique avoir "la bonne fortune" de posséder un fort utile Paris guide de 1867 dont les plus fameux contributeurs étaient Victor Hugo et George Sand. Le voici qui arpente d’abord le 19e, divisé en quatre parties égales, qui lui semble avoir un "visage humain" quand on le dessine.

Monsieur Henri aime, en marchant, se perdre un peu, sortir du temps. Chemin faisant, il explore La Villette et son abattoir ; cherche à visiter un petit cimetière juif rue de Flandre ; se souvient que sa mère le surnommait "Laripette" quand elle était de bonne humeur ; avoue un faible pour la voix métallique de l’ascenseur d’une station de métro ; observe des amoureux, lui qui sait qu’on "aime à tout âge". Dans le 20e, qui compte quatre quartiers, il cite à nouveau volontiers les chansons d’Aristide Bruant.

Avec une plume inimitable, Calet propose un point de vue historique, archéologique et personnel sur la Ville lumière dont il explore les moindres recoins. On ne peut donner tort à Jean-Pierre Baril selon lequel "tout est fait légèrement, ici, tout est frais, presque volatil". Non, décidément, on ne se lasse pas de la musique lancinante d’Henri Calet. Ni de sa manière unique de parler de Paris et de ses mystères. Al. F.

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