11 janvier > Récit France > Melvil Poupaud

Outre ses talents d’acteur, réalisateur et musicien, avec son frère Yarol, Melvil Poupaud taquine aussi l’écriture, avec originalité et humour, sans poser à l’écrivain. Il était déjà l’auteur de Quel est Mon noM ?, récit très personnel paru chez Stock en 2011. Le voici de retour avec Voyage à Film City, ou les tribulations d’un acteur français parti tourner, en 2013, un grand film historique, en costumes et en Chine. Inutile de préciser que l’affaire n’a pas été simple. Tant mieux pour le lecteur. Film City, le Cinecitta chinois, s’appelle Heng Dian. C’est là que se réalisent toutes les superproductions nationales ou internationales, comme Le dernier empereur de Bertolucci, ou The Lady in the portrait de Charles de Meaux, sorti en 2015 et que l’on a déjà un peu oublié.

Melvil Poupaud y interprète le rôle de Jean-Denis Attiret, un jésuite peintre du XVIIIe siècle envoyé auprès de Qianlong, l’empereur de Chine, pour réaliser, entre autres, le portrait de son épouse Ulanara. Ce qu’il a fait, une relation sentimentale se nouant même entre eux. En tout bien tout honneur, gare à la censure ! L’impératrice, elle, est jouée par Fan Bing Bing, méga-star chinoise, au point que chacune de ses apparitions en public provoque une émeute chez ses admirateurs. Après un premier contact un peu frais, les deux acteurs vont sympathiser.

Mais l’on est en Chine, pays complexe s’il en est. Et Melvil Poupaud, texte, fac-similés de ses carnets, photos et documents à l’appui, va nous raconter les péripéties burlesques de son séjour de presque deux mois, sa découverte d’un morceau du pays, ses moments de solitude (notamment dans les palaces où la production loge la "star française", pour ne pas perdre la face), ses virées nocturnes dans les bars et boîtes "branchés" de Beijing. Mais aussi ses lectures d’Ignace de Loyola, le fondateur de l’ordre des Jésuites, ou son apprentissage cocasse de quelques rudiments de mandarin, sous la houlette amusée de Bin, sa prof particulière. C’est ainsi que Melvil se voit rebaptisé Mei Er Wei Er, et s’invente un "yaourt" à lui (suan naï) afin d’avoir du texte à dire pendant les prises de vues !

"J’aime écrire, j’aime voyager, j’aime ce que le cinéma m’a toujours permis de vivre", note Melvil Poupaud. Son livre est épatant. Seul bémol : le garçon est visiblement fâché avec l’orthographe, limite dyslexique. Le correcteur de chez Pauvert a dû avoir pas mal de boulot. J.-C. P.

06.01 2017

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