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Librairies : de la bonne volonté mais peu de moyens

"Une fois les ampoules changées et les déchets triés, on est presque au maximum." Wilfrid Séjeau, librairie Le Cyprès, Nevers - Photo Olivier Dion

Librairies : de la bonne volonté mais peu de moyens

Dernier maillon de la chaîne du livre, les libraires ont une marge de manœuvre limitée pour réduire leur empreinte écologique.

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Par Cécile Charonnat,
Créé le 27.11.2015 à 12h33

Sensibles, dans leur grande majorité, au discours écologique, les libraires ont cependant de grandes difficultés à le traduire en actes au niveau de leurs magasins. "Sur ce plan, nous sommes mal placés, reconnaît Wilfrid Séjeau, propriétaire du Cyprès à Nevers et élu d’Europe écologie les Verts au conseil régional de la Nièvre. Mais nous possédons peu de leviers d’action pour faire entrer pleinement le développement durable dans nos librairies, et une fois les ampoules changées et les déchets triés, on est presque au maximum."

Sur les deux postes qui pèsent le plus lourd dans le bilan carbone d’une librairie, les matériaux entrants et le transport, les libraires ne peuvent effectivement guère agir : refuser les livres imprimés en Asie équivaudrait à un suicide commercial et, côté fret, "la gestion du coût domine encore", observe Emmanuelle Robillard, directrice projets et qualité chez Mollat. Et malgré la volonté des libraires d’user de la mutualisation, celle du transport reste rare en raison de sa complexité. Limiter les retours, tel Dialogues à Brest qui plafonne à 5 %, apparaît donc aujourd’hui comme le moyen le plus sûr de réduire l’empreinte carbone en librairie, une solution qui a également le mérite d’influer sur le bilan économique.

Peu d’action sur le bâti

L’autre source potentielle d’économie d’énergie, l’action sur le bâti, est peu exploitée par les professionnels. "Jamais un libraire ne m’a demandé d’inclure l’écoconstruction dans la conception de son magasin", témoigne Pierre-Yves Gimenez, architecte. En grande majorité locataires de leurs murs et logés dans des bâtiments anciens, ils sont très vite freinés par le surcoût qu’entraîne l’utilisation de techniques et de matériaux écologiques. "Face à l’investissement, ils peinent à voir sur le long terme les économies qu’ils peuvent pourtant réaliser. Du coup, les moyens d’action se réduisent quasiment aux leds et à la climatisation réversible", regrette Pierre-Yves Gimenez qui, dès qu’il le peut, installe tout de même des doubles murs, pour améliorer l’isolation. Sur la vitrine de la librairie Jean-Jaurès à Nice, orientée sud-ouest, l’architecte a également posé un super-vitrage filtrant qui permet de ne pas forcer sur la climatisation.

A pied ou en charrette

Dès lors, les actions des libraires en faveur du développement durable relèvent davantage du geste écoresponsable que d’une politique globale d’entreprise. Recyclage des cartons en partenariat avec un prestataire local, impression limitée, utilisation de papier recyclé, "chacun bricole un peu de son côté", pointe Emily Vanhée.

Ainsi, la directrice des Lisières à Roubaix, qui a obtenu le label Zéro déchet délivré par sa municipalité, n’imprime plus de ticket de caisse, donne ses cartons pour les déménagements de ses clients, optimise le papier cadeau, refuse les flyers au profit des affiches, livre le plus possible à pied ou en charrette et expérimente, pour l’association des libraires du Nord-Pas-de-Calais la suppression totale des sacs en plastique (voir encadré). Mais pour beaucoup, à l’image de Wilfrid Séjeau, la véritable capacité d’action des libraires dans le champ écologique réside dans leur assortiment. "En étant un lieu de ressources pertinent et compétent sur ces sujets, c’est à nous d’aider les gens à faire leur propre transition", estime le libraire.

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