«La mort est quelque chose qu’il faut savoir savourer et j’espère savourer la mienne, disait Stéphane Hessel à Bernard Lehut sur RTL il y a un an. Mais en attendant, étant donné qu’elle n’est pas encore là et que je me propulse encore à peu près normalement, j’en profite pour essayer de lancer des messages. Ce petit livre [NDLR : Indignez-vous !] est un appel à dire : regardez ce qu’il se passe autour de vous et ne laissez pas passer l’occasion de prendre fait et cause pour ce qui vous intéresse. » L’ancien résistant et ancien déporté, qui s’est éteint le 27 février à l’âge de 95 ans, avait été ambassadeur de France, alternant fonctions à l’Onu et postes dans la haute fonction publique française. Lorsqu’il publia Indignez-vous ! en 2010 (Indigène éditions), Stéphane Hessel avait déjà plusieurs ouvrages à son actif, comme Danse avec le siècle (Seuil), Dix pas dans le nouveau siècle (Seuil), Citoyen sans frontières (Fayard). Mais c’est ce petit opuscule d’une vingtaine de pages à 3 euros qui lui valut une célébrité mondiale. Vendu à plus de 2 millions d’exemplaires en France, et autant dans la centaine de pays où il a été traduit, Indignez-vous ! a donné naissance aux mouvements de contestation des « indignés », en Europe et aux Etats-Unis. Dans l’édition, Indigène « a acquis une visibilité extraordinaire grâce à sa générosité et [le succès] nous a permis de continuer des combats en faveur de tous ces peuples qui ont été les victimes d’un génocide culturel », a rappelé l’éditrice Sylvie Crossman à l’AFP. Après une édition revue et augmentée en 2011, Indigène a publié un dialogue de l’ancien résistant avec le dalaï-lama, Déclarons la paix !, et un livre audio, Une voix pour la poésie.

Le succès, qui n’est pas allé sans critiques, a donné des idées aux éditeurs, et Stéphane Hessel est devenu l’auteur le plus sollicité, pour une préface, une postface… Lui-même n’a pas ménagé sa peine. Après Indignez-vous !, il a publié Engagez-vous !, des entretiens avec Gilles Vanderpooten (L’Aube), Le chemin de l’espérance écrit avec Edgar Morin (Fayard), Tous comptes faits… ou presque (Libella-Maren Sell), Le rescapé et l’exilé : Israël-Palestine, une exigence de justice avec Elias Sanbar (Don Quichotte), Vivez !, entretiens avec Edouard de Hennezel et Patrice van Eersel (Carnets Nord), Exigez ! Un désarmement nucléaire total avec Albert Jacquard et l’Observatoire des armements (Stock), Pourquoi y a-t-il des gens racistes ? avec Sophie Bordet-Petillon et Elodie Durand (Bayard Jeunesse). Mais Stéphane Hessel n’a pas fini de faire entendre sa voix. Il avait donné un entretien pour Palestine, l’état de siège de Noam Chomsky et Ilan Pappé que vient de lancer Galaade. Editeur de la biographie Stéphane Hessel, portrait d’un rebelle heureux par Manfred Flügge, Autrement publiera le 13 mars A nous de jouer ! de la protestation à l’action, un entretien avec Roland Merk. Stéphane Hessel avait enfin préfacé Un Etat pour la Palestine ! du Tribunal Russel sur la Palestine, que publie L’Herne le 20 mars. Catherine Andreucci