4 février > Roman France

Eprouver le beau risque de sa liberté vaut pour la cause des femmes, mais aussi pour celle des écrivains. C’est peut-être la réflexion que se fera le lecteur de Big Daddy, le nouveau roman de Chahdortt Djavann. La Française d’origine iranienne s’y montre plus en liberté que jamais. C’est-à-dire que ce livre, qui marque son entrée dans la maison Grasset, est parfaitement différent de ceux qui l’ont précédé, de Bas les voiles ! (Gallimard, 2003) à La dernière séance (Fayard, 2013), et pourtant assez semblable. Il y sera question, là aussi, d’identités introuvables, de communautés irréconciliables, mais le décor aura changé. Big Daddy nous amène dans une de ces grandes villes américaines d’aujourd’hui (on pense au Baltimore de la série The wire) où l’économie souterraine, celle de la drogue, des trafics en tous genres, de la marchandisation des corps, tient désormais le haut du pavé. Une (encore assez) jeune avocate, la narratrice du livre, est appelée à défendre une cause indéfendable. Celle d’un latino de 17 ans, Rody, convaincu d’être le meurtrier de trois personnes qui en avaient elles-mêmes assassiné deux autres…

Malgré la perpétuité qui lui semble promise, Rody ne va pas tarder à nouer une relation faite de fascination avec son avocate. Une relation où la personne la plus importante est un absent, ce "Big Daddy", chef de la mafia locale, figure d’ogre autant que de père, qui a pris Rody sous son aile alors qu’il n’avait que 12 ans. Les choses iront à leur terme de cruauté et de violence.

Si Chahdortt Djavann échappe ici au piège du démonstratif, de la thèse hâtivement déguisée en roman, c’est par son goût de la narration, sa capacité à faire vivre ses personnages. Big Daddy n’est rien d’autre qu’un roman noir et c’est ainsi qu’on l’aime. O. M.

16.01 2015

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