Censure

Alors que les livres russes représentent jusqu'à 60% de son marché, le Parlement d'Ukraine, la Rada, a adopté l'interdiction d'importation de ces titres jusqu'au 1er avril, a confirmé Alexander Afonin, chef de l’Association ukrainienne des éditeurs et des libraires, dans Publishing Perspectives. Une décision qui alarme les professionnels de l'industrie du livre du pays car elle peut notamment entraîner une augmentation significative de la circulation des titres au marché noir et une désertion des points de vente.

Pour Ivan Bogdan, P-DG de Yakaboo.ua, le plus important libraire en ligne d'Ukraine, cité vendredi 10 février par le magazine, "le marché peut être inondé de contrebande en quelques semaines". D'après Ivan Stepurin, directeur de la maison d'édition Summit Book, "actuellement, les éditeurs locaux ne disposent pas de ressources suffisantes pour remplacer les livres interdits de Russie. Le coût moyen de la traduction se situe entre 3000 et 5000$ par livre… c’est trop cher pour les éditeurs ukrainiens, sans compter que la plupart des ouvrages ne se vendent pas à plus de 2000 exemplaires. Avec des coûts de traduction et de droits si élevés, l'interdiction entraînera une pénurie de livres dans divers secteurs du marché, en particulier dans la littérature éducative, classiques du monde, où l'impact des éditeurs locaux a toujours été mince".

Aucune compensation

Déjà en décembre 2016, le président ukrainien Petro Poroshenko avait signé une ordonnance limitant l'accès de "contenu anti-ukrainien" à la Russie. Ce règlement a été approuvé par le Parlement ukrainien et est appliqué, en partie, depuis le début de l'année. Selon le directeur de l’Association ukrainienne des éditeurs et des libraires, Alexander Afonin, Kiev n'a fourni aucune compensation pour la perte représentée pour l'industrie par les stocks désormais invendables de livres russes.

Pour l’année passée, on estime que 100000 exemplaires de livres importés de Russie ont été vendus sur le territoire ukrainien. En août 2015, l'Ukraine avait publié une première liste de 38 ouvrages russes interdits d'accès dans le pays, dont des œuvres d'Edouard Limonov, pour "incitation à la haine et au séparatisme".

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